Comme le veut la tradition, la messe du 15 août a eu lieu dans le parc de l’abbaye, vécue par une nombreuse assistance. Monseigneur Jean César Scarcella, le père abbé de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, en Suisse, présidait la célébration. Son homélie, pleine d’affection pour Notre-Dame, a présenté aux fidèles la grandeur de cette fête. En voici un résumé :
Fêter l’Assomption de la Vierge Marie, c’est unir la terre au ciel, et cela doit nous reporter sans difficulté à la Résurrection du Christ et à son Ascension. Dès ce moment-là un homme, un de nous est au ciel, au sein de la Trinité. L’Assomption au ciel de la Vierge Marie est le gage de notre propre présence au ciel le jour venu. Marie qui, s’est endormie dans la mort, s’est retrouvée vivante au ciel par la volonté de son Fils, comme nous le serons, un jour.
Les Orthodoxes évoquent la Dormition de la Vierge et les Catholiques, l’Assomption de la Vierge. Ces deux visions se complètent : en effet, la Dormition veut évoquer Celle qui se couche une dernière fois pour recevoir le relèvement pascal, tel que l’a vécu Jésus, son divin Fils. Et l’Assomption évoque Celle qui est accueillie par son Fils dans la gloire du ciel.
Célébrer l’Assomption de Marie, c’est croire que Marie est au ciel, près de son Fils, et qu’Elle intercède pour nous. Jésus, sur la croix, nous l’a donnée pour mère et Il la garde maintenant à ses côtés, pour l’écouter qui intercède auprès de Lui pour ses enfants que nous sommes toujours.
Et Dieu sait si, ici à l’Abbaye de Beauchêne, Marie est proche de ses enfants et reste la mère qui écoute, console et intercède, même miraculeusement. Le culte que vous rendez à Marie, chers confrères chanoines, chers frères et sœurs fidèles de cette Abbaye, est un bienfait non seulement pour vous et votre région, mais pour l’humanité et la terre entière. On ne dira jamais assez la force de la présence de Marie dans nos vies chrétiennes et dans la vie du monde ; son manteau de joie, d’espérance et de salut le recouvre, comme aussi chacun qui se tourne vers Elle en particulier.
En rendant grâce pour cette année jubilaire que l’Abbaye de Beauchêne a vécue, c’est donc dire merci à Marie pour tous les bienfaits qu’elle a accordés à tous ceux qui l’ont approchée, priée, implorée, remerciée ; Elle, qui, couronnée d’étoiles, prend maintenant intimement soin de ses enfants encore restés sur terre.
Ainsi on parle du dogme de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie ; mais un dogme dans l’Église catholique, qu’est-ce que c’est ? C’est ce qu’on peut appeler une ”vérité de foi”. C’est quelque chose de vrai et de réel, mais qu’on ne peut démontrer et comprendre que par la foi. Le pape, quand le moment propice est arrivé, définit un dogme. La définition du dogme arrive après de nombreuses années d’études, de recherches et de prières de la part des théologiens et de tous ceux qui mettent leur science et leur compétence au service du Magistère de l’Église, c’est-à-dire son enseignement.
Et ce dogme de l’Assomption n’est pas si vieux, puisqu’il date de l’année 1950, donc au siècle dernier, il y a à peine plus de soixante-dix ans. Mais depuis bien longtemps, l’Assomption de Marie avait toujours paru une évidence, qu’il fallait pouvoir malgré tout circonscrire, jusqu’à pouvoir arriver à une définition de foi, qui est celle qu’a prononcée le pape Pie XII en ces mots : « L’immaculée Mère de Dieu, au terme de sa vie terrestre, a été élevée en son corps et en son âme à la gloire du ciel ».
L’Assomption de la Vierge Marie s’inscrit dans le même mouvement que l’Ascension du Christ ressuscité parce que la Mère et le Fils sont liés et Celle qui, de son corps virginal, a donné naissance à l’auteur de la vie, ne pouvait, en son corps d’humanité, retourner à la terre. L’Assomption de Marie découle donc de sa maternité divine.
Face à cet événement de l’incarnation du Fils de Dieu dans le sein de Marie, l’Assomption apparaît comme une deuxième face de cet événement, car son assomption personnelle inaugure la future assomption de l’humanité en Dieu, le retour à Dieu de l’humanité. Vous voyez donc en quoi et comment s’exerce si merveilleusement la maternité de cette jeune femme : comme Marie a enfanté son Fils au monde, ainsi par son Assomption enfante-t-elle l’humanité au ciel.
Ainsi Marie ne s’élève pas, elle est élevée. Marie est restée à sa place dans le plan de salut de Dieu, bien discrètement, bien humblement. C’est ça l’humilité : rester à sa place de créature, confectionnée par l’humus, la glaise du sol. Debout au pied de la croix, face à la nuit de l’épreuve, elle ne fuit pas, elle reste là, à sa place, toute pétrie d’humilité, elle ne s’élève pas, elle est élevée.
Elle est la ”Toute comblée de grâce”, c’est-à-dire la grâce qui vient de la mort et de la résurrection de son Fils, celle qu’elle a reçue par anticipation, dès sa conception immaculée. Quant à nous, toutes ces grâces de salut, nous les recevons par les sacrements. Saint Paul l’a dit : « C’est par grâce que vous êtes sauvés ». Ainsi la grâce reçue de Marie à sa conception, et qui l’a menée à son Assomption, nous la recevons dans les sacrements qui nous sauvent du péché jusqu’au jour de Dieu.
L’Apocalypse de saint Jean nous a présenté la femme dont le « signe grandiose apparut dans le ciel ». Cette femme est à la fois Marie et l’Église. Marie est la parfaite image de l’Église à venir, elle est l’aurore de l’Église dans sa victoire sur la mort. En cela, Marie guide et soutient l’espérance du peuple de Dieu encore en chemin, Elle nous fait aspirer à rechercher les grâces d’en haut. Et, pour cela, Elle laisse à notre méditation son Magnificat, le chant qu’elle avait chanté avant d’enfanter le Christ. Ainsi soit-il !
Après la messe, les fidèles pouvaient visiter quelques stands et déjeuner dans la Salle du Relais. L’après-midi, une procession a eu lieu dans le parc avant les Vêpres.