Lundi 27 novembre 2023 à midi, la communauté de Beauchêne et ses amis étaient dans une profonde émotion en attendant l’arrivée du corps de notre cher frère Guillaume, mort le Dimanche matin. En effet, il est dans notre nature humaine d’être émus lorsque nous voyons quelqu’un mourir, surtout lorsqu’il s’agit d’un membre de notre famille ou d’un de nos amis proches. On dirait même que les cœurs de pierre peuvent être émus à en pleurer.
Le départ du frère Guillaume était tellement inattendu qu’on ne pouvait même pas se dire qu’il est mort, même en le voyant allongé sur son cercueil. Nous pouvions dire qu’il dort seulement. Mais en vérité, pour le Seigneur, les morts dorment seulement. Saint Jean peut nous le dire dans son récit biblique sur la résurrection de Lazare (Jn 11:11). Beaucoup ont été choqués et attristés par le départ du frère Guillaume. Comme le disait le Père Joseph, Crl, « si le cœur s’arrête, tout s’arrête », et cela était vrai dans le cas du frère Guillaume car il avait déjà un problème cardiaque.
Le frère Guillaume, tous les matins, était toujours à l’oratoire pour une prière (oraison) et pour réciter le chapelet. L’après-midi, il participait toujours au chapelet de Lourdes à la télévision. A l’oratoire, avant de s’asseoir pour commencer ses prières, il faisait toujours une génuflexion comme s’il faisait une génuflexion devant son Roi. Et le fait est qu’il partit le jour même de la fête du Christ Roi : on peut dire que son départ était un appel de son Roi à retourner au Royaume Céleste. Mais c’est un fait, pour nous chrétiens, qu’en vertu de notre baptême nous recevons une participation privilégiée à la royauté du Christ. Le récit biblique de la parabole du fils prodigue nous montre que les deux fils du roi « ont part » au royaume (Luc 15 : 11-32). En d’autres termes, les fils ont leur héritage en tant que « fils ». En ce sens, nous « avons part » au Royaume de Dieu parce que nous sommes devenus enfants de Dieu dans le Christ, en recevant le sacrement du Baptême.
Les émotions vécues par la communauté de Beauchêne sont à la fois tristesse et joie. Nous sommes tristes à cause de la mort de notre frère et joyeux grâce à notre foi en Jésus-Christ. Le père Joseph nous a rappelé dans son homélie notre foi que « notre frère Guillaume ressuscitera à la fin des temps car dans notre Credo nous croyons à la résurrection des morts par notre Seigneur ». C’est alors que la tristesse éprouvée par la communauté et les amis se transforme en joie grâce à la foi. C’est cela la beauté et la richesse de notre foi chrétienne.
Et il est vrai que cela fait mal au cœur quand nous voyons que nos proches nous quittent. Les larmes coulent de nos yeux comme Jésus qui pleura la mort de son ami Lazare (Jn 11,35). Mais parce que Jésus l’aimait d’une amitié profonde Il l’a ressuscité (Jn 11:43). Et nous qui suivons ce même Jésus, nous qui croyons qu’Il est le Fils de Dieu, croyons-nous qu’il nous ressuscitera ? Espérons que « Oui » car, comme Lazare, nous sommes aussi ses amis (Jn 15:15).
Les fidèles de Beauchêne ont prié le chapelet, comme ils le font chaque jour, pour l’âme de notre frère et ils ont également assisté à la liturgie des heures aux offices des défunts. La communauté a également dit les Complies autour du cercueil du frère Guillaume. La communauté de Beauchêne est très reconnaissante envers tous les amis du frère Guillaume et de sa famille, et de tous les fidèles et les amis de la communauté pour leurs prières et leurs mots de sympathie et de consolation et de présence qui ont été des expressions d’amitié.
Le 30 Novembre était l’enterrement de frère Guillaume qui nous a laissé un enseignement fort mais sans paroles : la prière. Il avait toujours son chapelet en main. Maintenant même, il peut prier pour nous doublement car les morts n’ont pas d’autres missions que la prière. Non pas une prière pour elles-mêmes car, comme nous l’a dit sainte sœur Faustine, leurs prières ferventes sont sans efficacité pour elles-mêmes et nous seuls pouvons les aider, mais les âmes peuvent prier pour nous, les vivants, comme l’a dit le saint curé d’Ars. Et comme nous croyons que les âmes du purgatoire marchent vers la vision de Dieu et comme nous confessons dans notre Credo que nous croyons à la communion des saints, restons unis au frère Guillaume dans la prière. Nous continuons alors à prier pour lui et lui pour nous, telle est véritablement l’expression de notre amitié chrétienne.
Frère Wilfredo Ando, CRL