Notre abbaye, dans le cadre du Jubilé, a connu une grande activité ces jours derniers. En effet, samedi 26 septembre, nous avons eu la joie d’accueillir Mgr Hugues Paulze d’Ivoy, Père Abbé de la Congrégation des Chanoines Réguliers de Saint-Victor, venu tout spécialement de Champagne en Ardèche. C’est lui qui a présidé la messe d’ouverture de ce samedi inhabituel, nous rappelant dans son homélie que notre unité se fait par l’écoute de la Parole de Dieu. Il nous a exhortés à nous laisser transformer par cette Parole, comme la Vierge Marie qui mettait cette Parole en pratique. Après la récitation de chapelet, le père Paul a ouvert cette journée de conférences, en rappelant l’héritage que nous portons sur nos épaules : la richesse historique et spirituelle de notre abbaye. Il a ensuite présenté le programme du jour et les différents intervenants : le père Abbé Mgr Paulze d’Ivoy, M. Richard Lueil, natif de la région et passionné de l’histoire des Guerres de Vendée et M. Guillaume Rossello, doctorant à l’Université de Poitiers, dont la thèse porte sur l’histoire religieuse du Poitou. Ensuite, M. Bertrand de La Bonnelière, nommé « maître du temps de cette journée » par le père Paul, a donné le fil rouge de ces conférences, le résumant par le mot : Fidélité. En effet, a-t-il rappelé, nous sommes les protagonistes d’une histoire qui a débuté voici 800 ans et dont le mystère est éclairé par la découverte d’une statue dans un chêne séculaire…
Débutant ce cycle de conférences, le père Abbé a aidé les nombreux fidèles présents à s’y retrouver dans les arcanes de la Confédération des Chanoines Réguliers et les charismes propres à chaque Congrégation. D’aucuns se sont sentis soulagés d’apprendre que ce qu’il faut retenir, c’est que c’est saint Augustin qui relie tous ces chanoines par la règle qu’il a lui-même édictée au IVème siècle, sur le modèle de la vie des Apôtres après la Pentecôte. Après cette première conférence très éclairante sur les Chanoines Réguliers, les auditeurs ont été invités à visiter l’exposition présentée dans le vestibule de l’abbaye. Cette exposition a pour but de montrer les trésors matériels et spirituels de l’abbaye, son histoire et la figure de Mgr Pie, grâce à qui tout a recommencé en 1870 ainsi que les photos des événements et des chanoines qui se sont succédé depuis 150 ans. Cette exposition, préparée en grande partie par 3 fidèles de l’abbaye, a rencontré un vif succès parmi les assistants. M. Guillaume Rossello n’a pas ménagé sa peine en commentant de nombreux objets ou photographies exposés.
Après le déjeuner partagé dans la Salle du Relais, M. Richard Lueil est intervenu sur l’histoire de l’abbaye pendant les Guerres de Vendée, évoquant forcément les exactions commises par les Bleus autour de Cerizay, et élargissant son propos au Bocage vendéen et bressuirais. Son intervention s’intitulait : L’abbaye de Beauchêne, des Puyguyon aux La Rochejaquelein, soulignant ainsi que son propos se focalisait sur les différents propriétaires de l’abbaye, du Moyen Age à la Révolution et les vicissitudes que le monument et ses occupants, eurent à subir pendant les Guerres de Religion et la Révolution.
Ensuite, M. Rossello, remplaçant M. Matthieu, empêché, a présenté le personnage de Mgr Pie, « second saint Hilaire », figure éminente du clergé du XIXème siècle, non seulement en France mais aussi en Europe. Cet évêque marial et ultramontain rencontre de vives oppositions au sein du Second Empire mais, proche du pape Léon XIII, il obtient de lui la venue de Chanoines italiens pour faire revivre l’abbaye de Beauchêne, en 1870, ce qui justifie notre Jubilé actuel.
Enfin, la dernière conférence de M. Rossello a fait état des différents miracles qui ont eu lieu à l’abbaye de Beauchêne et particulièrement, la guérison de la sœur Madeleine, de Cerizay, guérie subitement de multiples handicaps très lourds. Sa guérison est représentée dans le vitrail du chœur, en médaillon : on la voit en train de tendre sa béquille à la Vierge Marie, signe de sa guérison.
En guise de conclusion, Guillaume Rossello a évoqué les événements constitutifs et fondateurs de l’identité de l’abbaye : le couronnement de Notre-Dame de Beauchêne en 1955, la guérison de sœur Madeleine mais aussi ce Jubilé de 2020.
Cette journée passionnante restera dans la mémoire des participants comme un signe de l’histoire de cette abbaye, restée debout malgré toutes les attaques dont elle a été l’objet, et signe aussi, par la présence des participants, de l’avenir qui doit se construire dans la fidélité au service de la Vierge Marie, quelles que soient les difficultés qui se présenteront peut-être dans l’avenir.
Stéphanie d’Espiès