Le Père Paul avait invité le Père Gérard DURIEUX, Salésien de la Communauté de Bruxelles, qui a accepté avec joie. Le Père Abbé Jean Scarcella, de l’Abbaye St. Maurice de Suisse, ainsi que le Père Philippe Cailleau, de Gerpinnes en Belgique, se sont joints aux membres de notre communauté pour cette retraite. Le thème de la retraite : « Suivre le Christ »
Dans les premiers chapitres de St Marc, Jésus se révèle aux foules et aux disciples : « Grain de sénevé va se lever sans fin… » ; « Qui est ce Père qui espère, Qui est cet homme qui pardonne, qui est ce vent qui invente… ? ».
Le prédicateur, au rythme de deux enseignements par jour, nous présente le chemin « balisé » par Marc, le chemin de la vie à la suite du Christ, à partir des trois annonces de la Passion-Résurrection, dans les chapitres 8, 9 et 10 de son évangile. Ce chemin n’a rien d’un chemin mental ou moral, rigide et contraignant. C’est à une nouveauté de vie que le Christ appelle qui le veut : si tu veux… C’est une respiration dans la Parole et le souffle d’amour du Fils de complaisance… Un chemin d’évangélisation de nos profondeurs, de « métamorphoses » qui nous transfigure en Lui, envoyé du Père. Un chemin de MISSION auprès de tous nos frères humains « défigurés ». Le Père Gérard nous suggère de suivre chaque jour la lecture de ces chapitres, proposée par le P. Philippe Bacq (sj), un théologien belge : il fait bien percevoir la dynamique de CROISSANCE SPIRITUELLE dans laquelle nous entraîne, ou veut nous entrainer, le Ressuscité.
Jésus enseigne les siens sur sa manière d’être Christ. Il accepte d’être rejeté, de souffrir et d’être mis à mort ; il ouvre ce chemin pour eux aussi, dans leur vie quotidienne, à la manière qui sera la leur. Si quelqu’un veut …suivre le Christ de douceur et de non-violence, il est appelé à écouter et à entrer avec Lui et en Lui dans l’agapè du Père, source de toute bonté. Alors il entend l’invitation inlassable du Fils Aimé, « Si quelqu’un veut…qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il m’accompagne… ». (Mc 8, 34-35).
Personne n’est « obligé » de suivre ce chemin : Si quelqu’un veut… Mais à celui qui désire s’engager dans ses pas, il est demandé de rester cohérent avec lui-même dans le choix qu’il a posé avec rigueur. Renoncer à soi-même et porter sa croix : consentir à ses propres faiblesses et fragilités, en osant laisser tomber les images de soi ; porter au jour le jour, sur le chemin de la vie, ce qui a blessé jadis et continue de faire souffrir ; désirer que cela ne soit plus et convenir doucement qu’il en sera peut-être toujours ainsi … et pourtant, accepter que la vie continue à circuler en soi et même par soi. Une vie qui trouve sa force dans un don et un accueil plus que dans une affirmation de soi qui en impose aux autres. .
Chacune des trois « vagues », comme certains appellent les 3 annonces de la Passion-Résurrection, nous conduit un peu plus profond, éduque un peu plus le désir du disciple.
Première annonce : « Grandir dans la foi », (8, 34-9. 29).
Deuxième annonce : « Vivre en communauté ». N’exclure personne, respecter le plus petit. (9, 30 –10, 31).
Troisième annonce : « Devenir serviteurs à sa suite », jusqu’à donner sa vie. (10, 32-52) Chacune de ces « vagues » est à vivre et à revivre à tout instant, selon les « moments » de notre existence. À chaque étape, Marc évoque une résistance en nous à traverser et à dépasser. Ces trois formes de « résistances » (volonté de prendre la tête et de mener nous-même la « marche », se comparer en voulant être le plus grand ou en nous dénigrant, nous laisser habiter par le goût des honneurs et refuser de « mourir »), nous renvoient aux trois tentations du Christ au désert. Ce sont autant d’impasses à traverser, comme autant de petites pâques : aller vers la vie en passant par des morts. .
Face aux résistances des disciples Jésus donne à chaque étape un enseignement, qui leur permet d’accueillir et de pénétrer davantage dans « le mystère du Christ ». Il ne s’agit pas seulement d’y entrer individuellement, mais en communauté. Et Jésus leur donne alors des directives spécifiques pour la vie en communauté : « Si quelqu’un veut être premier, il sera le dernier de tous en servant tous » (9, 35-50). N’exclure personne et respecter le plus petit.
Jésus ne cesse ainsi d’ajuster ses disciples à l’allure du Royaume : « Accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant » pour y entrer. Car pour entrer dans la manière de Dieu, il y a un seuil à franchir : renoncer à être par ce que l’on possède, plus encore, renoncer à être par soi-même. « Si quelqu’un veut être grand parmi vous qu’il soit votre serviteur » (10, 41-45).
D’autres épisodes de rencontre jalonnent cet itinéraire de Foi. La transfiguration et la guérison du fils épileptique : « Viens au secours de mon manque de foi » ; l’enseignement sur le mariage ; l’accueil de l’enfant et l’homme riche ; la guérison de l’aveugle de Jéricho (10, 46-52) ; « le fils précieux », qui s’entend dire : « Va, ta foi t’a sauvé ! », avant de suivre Jésus sur le chemin de Jérusalem.
À plusieurs reprises, Jésus reconnaît que c’est difficile d’entrer dans cette « manière de Dieu », impossible même, sauf auprès de Dieu, comme un enfant près de son père. En d’autres termes, nous avons à accueillir la Bienveillance originelle, (Jésus le prit dans son regard et l’aima), qui sans cesse nous donne :
– De SORTIR de nos enfermements, des fausses images de nous (flatteuses ou négatives), pour ACCUEILLIR HUMBLEMENT ce que nous sommes devant Dieu et GRANDIR vers la vérité de nous-même (à sa ressemblance).
-De S’OUVRIR ainsi à l’autre pour le RECEVOIR dans des relations de réciprocité, avec une FORCE plus forte que la force de domination : dans la divine DOUCEUR.
-De S’OFFRIR (donner sa vie) alors pour SERVIR la vie en tous, librement et en responsabilité, dans la PERSÉVÉRANCE, qui est libre fidélité jusqu’à l’extrême de l’effacement et de l’abandon, source de Fécondité.
Nos journées, vécues dans le silence, furent complétées bien sûr par les offices et l’Eucharistie de chaque jour, enrichie par l’homélie du Père Gérard, et la lecture pendant les repas du livre, simple et profond, « Sagesse d’un pauvre », de Eloi LECLERC (OFM).
Père Joseph Vennix, CRL