« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une page » St. Augustin d’Hippone
La Pologne est un pays chrétien courageux qui chante son histoire dans laquelle les mélodies sont composées en l’honneur de Dieu. Elle possède une véritable beauté, dont la foi est manifestement visible. Elle montre sa fidélité à son Dieu, en enseignant ses vertus célestes à ses enfants, comme le ferait une mère. Les églises, les saints et les saintes, et même les fidèles peuvent nous affirmer tout cela. Nous les avons tous véritablement découverts pendant notre séjour éphémère chez les confrères des Chanoines Réguliers du Latran (Province Polonaise) à Cracovie, l’une des plus grandes villes de Pologne.
Malgré la situation terrible d’aujourd’hui due au Covid-19, le Père Paul Pawlak, les frères novices et les postulants ont fait un très beau voyage en Pologne. Nous y avons acheté des soutanes aux frères pour leur formation : blanche pour les deux frères novices, pour leur première profession et noire pour les frères postulants, pour les accueillir au noviciat. Nous avons été accueillis très fraternellement par nos confrères polonais, comme des frères du Christ. Nous avons mangé ensemble de bons plats polonais et la cuisinière a également préparé des plats chinois pour les frères. Nous avons aussi pris quelques repas en dehors de la communauté, au restaurant asiatique, puisque cette nourriture manquait beaucoup aux frères. Le père Paul et les frères ont prié ensemble les Liturgies des Heures ainsi que la messe en français dans la chapelle de la Basilique de Corpus Christi. Cette Basilique est l’un des plus grands et des plus beaux sanctuaires de Cracovie, dont les confrères Chanoines s’occupent et où ils y vivent. Dans cette Basilique, se trouvent quelques reliques comme celles de Saint Stanislas de Szczepanow qui fut évêque de Cracovie, et surtout les reliques de Saint Stanislas Kazimierczyk, prêtre membre des Chanoines Réguliers du Latran. Le Père Paul a parfois présidé la messe en polonais dans la chapelle et concélébré chez des confrères. Il y avait quand même beaucoup de fidèles présents malgré la situation sanitaire, et comme tout le monde, nous avons porté des masques en suivant les restrictions de l’état, pour respecter la santé des uns et des autres. Nous avons quelquefois participé à la messe en polonais, surtout le dimanche. Les frères ont appris quelques mots en polonais et leur prononciation était presque parfaite : notre joie a créé une très belle ambiance.
Durant les sept jours de notre séjour, nous avons visité quelques lieux dont l’histoire est poignante : comme le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, construit au moment de l’invasion de la Pologne par les Allemands ; l’ensemble des camps de concentration d’Auschwitz était le plus grand camp de la mort du régime nazi. Il s’agit du principal centre d’extermination de l’histoire dans lequel plus d’un million de personnes ont été tuées. Dans le centre-ville, nous avons aussi visité plusieurs églises : Saints Pierre et Paul, de style baroque dans laquelle les ornements sont esthétiquement significatifs : ils racontent la beauté historique de cette église, grâce à l’architecture, la décoration de la façade avec les sculptures des douze Apôtres, l’orgue entouré par des anges dorés, et les couleurs célestes de l’intérieur, qui peuvent nous aider à contempler la beauté divine du Très-Haut ; le sanctuaire de la Miséricorde Divine – Basilique catholique romaine, dédiée à la dévotion à la Divine Miséricorde, où se trouve la tombe de Sainte Faustine Kowalska dans la chapelle du couvent ; la Basilique Sainte Marie – qui est la plus célèbre église de Cracovie avec une décoration flamboyante, des tours asymétriques et un automate – trompettiste qui sonne chaque heure. Le château royal, sur la colline de Wawel, symbolise l’âge d’or de la Pologne. La Cathédrale du Wawel est l’église principale de l’archidiocèse de Cracovie et c’est aussi un sanctuaire et un trésor national polonais. Malgré la fatigue, les frères rayonnaient de joie et ont été très impressionnés d’apprendre ces histoires si riches ; leur guide était le P. Paul puisque c’est son pays d’origine. Nous nous sommes aussi promenés dans le centre-ville où les frères ont acheté quelques souvenirs pour eux et pour leurs confrères de la communauté de Beauchêne. Nous avons découvert – et apprécié- la nourriture et les boissons typiquement polonaises. Les frères ont joyeusement admiré la beauté du jour et les jolies lumières de la nuit, l’admirable culture polonaise, les nourritures, la langue qui semble si difficile à apprendre mais si belle à écouter, et surtout l’histoire de la foi magnifique de la Pologne.
Leur voyage n’a pas été un simple voyage mais un événement éducatif qui leur a transmis des connaissances extrêmement riches, avec des expériences profondes. En effet, nous avons découvert que chaque chose a sa propre beauté, une beauté grave ou joyeuse mais aussi douloureuse. Nous avons même découvert la pathétique beauté du silence dont l’expression artistique est comme un grain de blé désirant fructifier dans une terre accueillante. Les cris et les grands bruits des hommes d’hier sont aujourd’hui tous réduits au silence, et nous avons appris que le silence est véritablement fait pour toute l’humanité. Comme l’a dit Saint Augustin, « Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une page ». Ce sont les mots métaphoriques d’un grand Saint. Se déplacer vers un autre pays n’est pas un simple voyage mais un voyage vers nous-mêmes, en nous-mêmes, dans notre propre expérience quotidienne. Il faut que l’on sache qu’un voyage intérieur nous mène plus loin qu’un voyage extérieur. Devant nous, se déroule un trajet puisque nous sommes toujours en mouvement, toujours sur la route. Puisque nous sommes tous des voyageurs, alors il faut apprendre à chaque voyage. Et puisque nous sommes toujours en parcours et que nos expériences quotidiennes nous montrent beaucoup de pages, alors il faut lire.
Le voyage a beaucoup aidé les frères à approfondir des vertus fondamentales comme la compassion, et à se renforcer en tant que Chanoines (hommes religieux) pour côtoyer les fidèles, développer leur maturité particulièrement leur maturité spirituelle, fortifier leur esprit fraternel en se respectant les uns les autres, comme l’a dit St. Augustin dans sa règle : « Tout d’abord, puisque vous vous êtes unis en communauté, habitez d’un parfait accord en la maison (Ps 68,7), n’ayez qu’un cœur et qu’une âme en Dieu » ( R. Ch. 1), et « Dans vos sorties, allez ensemble; à l’arrivée, restez ensemble… » (R. Ch. 3). En chaque circonstance de notre voyage, nous avons délicatement observé ces règles de St. Augustin, en vivant très sincèrement la constitution évangélique de la congrégation. Après une semaine de séjour chez les confrères, le père Paul et les frères sont bien rentrés à Beauchêne avec une joie rayonnante, un peu fatigués mais ils ont rapidement retrouvé leurs forces religieuses et des sourires éclatants.
Frère Wilfredo Ando, CRL