5 – 7 mars 2021 : Week-end de récollection

Les trois jours de récollection avec les Frères et Sœurs de l’Amour Miséricordieux de Getafe, Espagne, du vendredi 5 au dimanche 7 mars 2021.
Pour la troisième année consécutive, les frères et sœurs de l’Amour Miséricordieux viennent animer trois jours de récollection à Beauchêne. Le thème de cette année est, sans grande surprise, saint Joseph mais plus particulièrement, l’action de l’Esprit-Saint dans la vie de saint Joseph.
Le premier enseignement, du père Santiago, commence après le Chemin de croix de 15 heures, suivi tous les vendredis de Carême, à Beauchêne : « Comment l’Esprit-Saint a-t-il façonné l’âme de saint Joseph ? » Dieu a modelé cet homme, né pécheur, de façon très concrète. Dieu nous appelle à la vie de manière très personnelle, avec un plan unique pour chacun de nous. Son plan pour saint Joseph était que celui-ci devienne son Fils, l’époux de la Vierge Marie et le père de Jésus, Dieu fait homme. Ce plan est évidemment exceptionnel et Dieu lui a donné l’abondance de l’Esprit-Saint pour pouvoir être parfaitement enfant de Dieu, époux de la Vierge Marie et père de Dieu fait homme. Ceci montre la grande confiance de Dieu envers saint Joseph. En effet, Dieu prévient toujours, par sa grâce, ce qu’Il nous demande. Alors comment l’Esprit-Saint a-t-il façonné saint Joseph pour ce dessein exceptionnel ? Dans sa vie humaine, c’est un homme comme tous les hommes. Il semble donc très proche de nous. Par le baptême, nous sommes fils de Dieu. Saint Joseph n’a évidemment pas reçu le baptême, c’est pourquoi l’Esprit-Saint lui a donné une grâce réelle, sinon sacramentelle, de fils de Dieu.
Regardons sa façon de réagir, dans les quelques passages de l’évangile qui concernent saint Joseph. Il est appelé « juste » comme le vieillard Siméon, c’est-à-dire que toute sa vie est donnée à Dieu.
1. Sa vie est orientée selon la Loi de Dieu
Un fils reçoit la vie de son père, il la reçoit en permanence dans la vie spirituelle. Toutes ses décisions sont méditées, priées, selon la Loi de Dieu. Par exemple, quand il voit que Marie est enceinte, il cherche quelle est la Loi de Dieu. Sa première façon de vivre est donc de vivre selon la Loi de Dieu. Il ne la juge pas et ne la contourne pas. Il la reçoit comme un cadeau de son Père. La Loi de Dieu est la Loi d’un Père très aimant, qui nous montre le chemin du bonheur en nous donnant les Dix Commandements. Or, il est très difficile à quelqu’un de se soumettre à une autre volonté que la sienne. Pourquoi saint Joseph a-t-il pu le faire ? Parce qu’il avait une confiance absolue dans l’amour de son Père.
2. Il est resté fidèle à la Loi
Il voulait sa Loi avec son cœur et sa volonté parce qu’il avait une confiance absolue en Dieu. Il a donc pu être parfaitement fidèle, il n’a jamais douté. Il existait donc une relation d’intimité entre Dieu et saint Joseph.
3. L’intimité de Dieu et de saint Joseph
Grâce à cette fidélité et à cette intimité, Dieu peut alors lui communiquer sa volonté par des songes. C’est bien la preuve de cette intimité parfaite, bien que saint Joseph ait été pécheur, comme nous l’avons vue, dans le sens qu’il a reçu le péché originel, contrairement à son épouse. Que pouvons-nous en conclure ?
Que le péché n’est pas un obstacle à la grâce. Le péché n’est pas un obstacle pour Dieu. L’obstacle, c’est quand nous tombons et que nous restons à terre. Nos réactions nous centrent souvent sur nous-même et c’est cela qui devient un obstacle pour Dieu. Mais si je me tourne vers Dieu, que je reconnais ma petitesse et que je me tourne vers le Seigneur dans la confession, j’acquiers plus d’humilité et de grâces. Car Dieu peut ainsi convertir le péché en grâce.
Pendant la messe qui a suivi cet enseignement, le père Santiago a également prononcé l’homélie. Il se trouve que, providentiellement, la première lecture de ce jour évoquait le Joseph de l’Ancien Testament, ce que le père Santiago n’a pas manqué de souligner, en considérant que c’était un cadeau du Ciel ! Ainsi le Seigneur confirme-t-il le thème de cette retraite : « Allez à Joseph ». Il existe, en effet, beaucoup de relations entre ces deux Joseph. Saint François de Sales, saint Laurent de Brindisi et plusieurs papes disent que le Joseph de l’Ancien Testament est une figure du Joseph du Nouveau Testament et également une figure du Seigneur.
1. Joseph était le fils bien-aimé de Jacob et ses frères en étaient jaloux comme beaucoup de saints sont jaloux de saint Joseph, à cause de sa relation privilégiée avec la Sainte Vierge.
2. Joseph fut vendu par ses frères, ils le maltraitent et il arrive en Égypte parce que Dieu avait déjà son plan. Joseph ne le comprenait pas mais il a fini par devenir le vice-roi d’Égypte. Il avait accumulé tant de blé qu’on ne pouvait pas le compter. C’est par un songe que saint Joseph est conduit en Égypte parce qu’Hérode veut tuer l’enfant. Saint Joseph ne comprend pas pourquoi il faut aller là, mais le Seigneur veut accomplir cette prophétie : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ». Saint Joseph garde le Seigneur pour le monde, parce que le Seigneur est le pain dont nous avons besoin.
Le monde meurt de manque d’amour et de pain spirituel. C’est pourquoi, on doit toujours garder la figure de saint Joseph dans l’Eucharistie. Le pape François a obligé tous les prêtres à le nommer dans l’Eucharistie, parce que c’est bien lui qui nous a gardé Jésus et qui nous le présente. Dans ces temps de grande misère spirituelle, où les gens ont tellement faim, on a besoin de saint Joseph pour qu’il nous distribue ce pain, pour que nous priions pour ceux qui ne viennent pas se nourrir. Comme les frères de Joseph qui l’ont vendu et sont ensuite venus demander du pain.
Il faut savoir que la Miséricorde de Dieu surpasse tous nos péchés et seul, le Seigneur peut nous rassasier. Dans toutes nos eucharisties, demandons à saint Joseph de rapprocher le pain du Ciel à ceux qui ont besoin de Lui.
Samedi 6, c’est également le père Santiago qui a prononcé l’homélie de la messe matinale. L’évangile était celui de l’Enfant Prodigue. Le père Santiago a alors rappelé que le pape François, dans sa Lettre Apostolique, Patris Corde, imagine que le modèle du père miséricordieux de la parabole est pris sur saint Joseph. C’est sûr que Jésus a vu ce modèle dans la vie de son père et nous devons faire de même. Nous n’avons peut-être pas le même modèle mais nous en avons besoin. Pour le pape François, saint Joseph a une spiritualité qui consiste à accueillir et non pas à expliquer. Le modèle du père que donne saint Joseph est le père qui accueille.
Nous devons accueillir saint Joseph comme notre père parce que notre père nous accueille toujours et nous en avons besoin. Le Fils Prodigue revient à la maison et le père l’accueille et se réjouit. Il l’accueille dans la faiblesse, dans le péché et dans l’échec. Aujourd’hui, nous devons nous mettre sous le manteau de saint Joseph comme Dieu le Père nous accepte. La spiritualité de saint Joseph qui accueille, le Seigneur l‘a vue tous les jours : comment saint Joseph accueillait les pauvres, les étrangers mais surtout, toutes les circonstances de la vie.
Quand une situation que nous ne comprenons pas nous arrive : maladie, injustice, échec … nous nous demandons : « Pourquoi moi ? » Mais ce n’est pas la spiritualité de saint Joseph. Si on veut tout comprendre, on va se révolter contre Dieu. Le pape François cite aussi le livre de Job : quand sa femme cherche des explications, Job lui rétorque que si Dieu donne le bien, pourquoi ne pas accepter le mal ? Cela est vraiment une spiritualité qui accueille. On doit vraiment accueillir la réalité parce que si on veut l’expliquer, on va se mettre en colère, comme le fils aîné, quand son cadet revient. C’est le péché originel qui cherche à savoir par lui-même ce qui est bien ou mal. Le diable est derrière cette attitude. Il faut accueillir sans vouloir contrôler et vivre au mieux ce que Dieu nous envoie. C’est cela, la spiritualité de saint Joseph et de la Vierge Marie. Cette famille fonctionnait ainsi, ils ne luttaient pas pour expliquer ou critiquer les politiques, ils accueillaient et c’est pour cela qu’ils vivaient en paix. Et là où est la paix, là est le Seigneur.
Essayons de ne pas tout comprendre parce que la Croix ne peut pas se comprendre.
Samedi, enseignement après la messe
Hier, nous avons montré comment l’Esprit-Saint travaillait en saint Joseph comme fils de Dieu, époux et père. Aujourd’hui, nous parlerons de saint Joseph comme époux. La meilleure façon est de demander à Notre-Dame qu’elle nous dise les secrets qu’elle seule connaît. Nous allons parler d’un mystère, le plus important pour notre salut.
Chez les Juifs, le mariage se faisait en deux parties : la jeune fille avait 12/13 ans, l’homme 18/20 ans. Les parents arrangeaient le mariage. Ils se promettaient un futur mariage et ensuite seulement, cela pouvait être plusieurs années après, les époux vivaient ensemble. Et saint Joseph avait sans doute déjà vu Marie. Imaginons notre réaction à la vue de Marie. La sœur Belem fait alors référence à une anecdote survenue dans le Bronx, à New-York, grâce aux Franciscains. Un chenapan trouve dans une cabine téléphonique l’image d’un « hippie lumineux ! ». Il ressent alors une grande paix, commence à s’intéresser à ce hippie, est invité en pèlerinage à Fatima, où il pleure tout au long de sa présence là-bas, en découvrant l’amour de la Sainte Vierge pour lui.
Marie a sûrement dit à saint Joseph qu’elle voulait rester vierge et il n’a rien dit. Il a accepté. La docilité de saint Joseph à l’Esprit-Saint est magnifique parce qu’il comprend avec le cœur, non pas avec la tête, qui raisonne avec des connections logiques alors que le cœur comprend la présence de la grâce. La foi ne peut pas s’exprimer dans la logique mais le cœur comprend plus profondément.
Le silence est la preuve de l’action de l’Esprit-Saint chez saint Joseph : il accueille une certitude en silence. Il accueille cette décision de Marie alors qu’ils sont déjà mariés juridiquement. La deuxième partie du mariage se faisait quand la jeune fille était conduite dans la maison de son époux. C’est entre ces deux parties du mariage que l’ange Gabriel apparaît à Marie. La première réponse de Marie est de penser à son époux. Son cœur d’épouse pense à « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » Elle sait que ce sera un problème pour Joseph parce qu’il sait déjà qu’elle veut rester vierge.
Mais elle fait confiance, elle dit OUI. Le monde a besoin qu’Elle dise oui. Quand l’ange annonce à Joseph que l’enfant vient de l’Esprit-Saint, il n’a pas à donner son oui. On attend seulement de lui qu’il obéisse. Nous sommes nés dans le péché, comme saint Joseph et nous-mêmes, nous avons seulement à accueillir et à obéir.
Comment cette Sainte Famille devient-elle le modèle de toute famille ? le cœur de saint Joseph a été d’autant plus déchiré que Marie ne lui dit rien. En effet, elle sait que les mystères de Dieu doivent rester secrets. Elle attend le temps du Seigneur en respectant le silence de Dieu. Elle croit à la bonté de Dieu. Joseph doit apprendre à souffrir pour aimer la Pleine de Grâce, pour apprendre que cette femme ne lui appartient pas, pour la respecter, pour se sanctifier avec elle. Et Joseph souffre mais il doit passer par cette épreuve pour apprendre que la seule chose SÛRE en ce monde est l’amour de Dieu, toujours le même, toujours fidèle.
Et voilà que Joseph apprend que sa femme est un mystère pour lui. Il la voyait tous les jours et il se savait envahi par la présence de Marie. C’était lui le chef de famille, c’est lui que l’Esprit-Saint prévient pour prendre les décisions. Mais il sait bien que l’enfant et son épouse sont les plus importants. Il sait cependant, que c’est lui le chef de famille, même dans la maison du Fils de Dieu ! C’est Joseph qui a enseigné à Jésus le Notre Père. Chaque époux doit aimer son épouse comme Joseph aimait Marie et chaque épouse doit aimer son époux comme Marie aimait Joseph.
Marie qui voulait se consacrer à Dieu, voilà que Dieu lui donne un époux et un enfant ! Marie commence à aimer Dieu davantage, à mesure qu’elle aime Joseph et vice versa. Cet amour d’âme à âme est aussi le fondement du mariage chrétien. Ils cherchaient seulement la volonté de Dieu, avec l’assurance que donne l’amour de ses parents. Le mystère de Marie est qu’elle est unique parce qu’elle a vécu enfouie dans ses moments quotidiens de mère et d’épouse. Quand elle voyait ce que faisait la grâce dans son époux, elle rendait grâce à Dieu. Joseph est l’homme juste, l’homme bon, dans le sens où il assume dans son âme la volonté de Dieu. Il est aussi un mystère d’amour pour Notre-Dame et il n’y a que lui qui soit capable de nous l’enseigner. On comprend très bien Notre-Dame comme notre mère, mais comme épouse ? Nous pouvons arriver à l’aimer au point qu’elle remplisse notre cœur tout entier. Le mariage est le signe de ce que nous vivrons au ciel. Ce que nous vivons sur terre est un reflet de ce que nous vivrons au Ciel. « Ô saint Joseph, apprends-moi à aimer Notre-Dame, comme tu l’aimais sur terre »
Nous avons ensuite vécu le moment le plus bouleversant de ces trois jours, pendant l’adoration. En effet, un prêtre a béni personnellement chacun des participants, petits et grands, avec le Saint-Sacrement. De beaux chants d’amour au Seigneur accompagnaient cette longue cérémonie, où chacun se sentait visité, regardé et aimé en personne par Jésus- Hostie.
Le samedi après-midi, l’enseignement a repris
Comment l’Esprit Saint agit sur saint Joseph ? saint Joseph en tant que père de Jésus
Le Père Santiago s’aide pour cet enseignement des écrits du Pape François et du Pape St Jean Paul II. Joseph est le vrai père de Jésus. On dit souvent que c’est le père adoptif mais NON dit Jean Paul II Ce n’est pas son père biologique, c’est son vrai père. Être père : en principe c’est celui qui donne la vie – Souvent un homme donne vie mais après il peut cesser d’être père. La définition du Père : c’est celui qui donne toujours vie. Il est en permanence Père. Dieu nous donne vie chaque jour. S’il voulait, il nous l’enlèverait. Être père : c’est donner la vie à chaque instant.
La Paternité c’est donner la vie en permanence. Joseph s’est donné entièrement à la vie du Seigneur et, chaque jour, Jésus se construisait en prenant l’exemple sur saint Joseph, son père. Pour nous aussi, saint Joseph peut être notre père. Nous avons besoin du don de saint Joseph en tant que père. Nous devons nous tourner vers lui. Aucun parent ne remplit son rôle aussi bien que saint Joseph. Demandons-lui qu’il nous adopte et qu’il veille sur nous comme il a veillé sur Jésus.
Jésus s’est revêtu de la nature humaine. Il a eu besoin de grandir comme tout être humain. Au baptême, le baptisé reçoit en lui le Christ. Nous sommes fils de Dieu et nous l’avons dans nos âmes. À cause du péché, nous avons besoin de demander à saint Joseph de nous donner la VIE. En créant saint Joseph, c’est un miracle du Seigneur qui nous est donné.
Dieu veut nous donner ce père afin que nous puissions nous blottir dans ses bras lors des difficultés. On dit que saint Joseph est la terreur des démons. Comment saint Joseph a-t-il reçu cette force de Dieu ? En acceptant sa faiblesse et son échec. Il ne se vante pas et s’abandonne totalement à Dieu sans se rebeller. Il accueille et accepte. Importance de ce Père (saint Joseph) qui continue d’avancer avec la force de Dieu. Si nous accueillons saint Joseph comme Père, nous agirons comme lui. Nous, humains, ne savons pas accepter l’échec. On a besoin de demander à saint Joseph « Père apprends -moi à être fort. » La paternité de saint Joseph : être père de Jésus tout en sachant qu’il n’est pas Dieu. La chasteté vient du cœur : nous voulons posséder ce que nous avons créé (c’est mon fils) mais c’est un enfant de Dieu. Être Père c’est faire en sorte que son fils arrive à devenir « enfant de Dieu ».
Par le baptême, nous parents, nous sommes engagés à ce que notre enfant soit enfant de Dieu mais, humainement, on se dit il est à nous. Demandons à St Joseph comment être père, comment élever cet enfant, lui apprendre à remplir sa mission de Fils de Dieu : donner la vie en abondance pour qu’il puisse mourir sur la croix… Parfois, nous voulons porter la croix de nos enfants. Mais chacun doit porter sa croix. Chacun a ses obligations. Les enfants aussi. Jésus travaillait à l’atelier comme charpentier. Il apprenait à servir, à porter sa croix. Le mensonge consiste à dire qu’on doit protéger nos enfants. C’est faux. Ils ont leurs responsabilités, leurs tâches à accomplir. Jésus a grandi à partir de ce que lui a appris saint Joseph. Cela dépasse la psychologie. saint Joseph est Père de Jésus et protecteur de la Sainte Famille. Saint Joseph fait ce que Dieu lui demande. Nous devons faire de même. Souvent nous savons que nous allons mal faire alors nous ne voulons pas le faire. La Sainteté ne consiste pas à faire mieux que les autres. A-t-on déjà vu un père faire des choses qu’il ne connait pas et n’arrive pas à faire et être content de son échec ?
Saint Joseph est ainsi, Il accepte ses échecs et sa faiblesse. Que St Joseph nous accueille comme ses enfants afin que devenions comme lui. Amen
L’enseignement continue sur le péché originel, qui nous apprend comment est Dieu et comment Il réagit. N’oublions pas que c’est une Personne, qui a des sentiments. Souvent, les gens se plaignent qu’ils ne voient pas l’intérêt de se confesser parce qu’ils disent toujours la même chose. Il y a pourtant une autre manière de regarder notre péché. Pour couper un arbre, il faut aller à la racine. Il faut alors voir quelle est la racine de mon péché. La racine du péché se trouve dans le péché originel. Nous avons tous – sauf la Vierge Marie – été conçus dans le péché originel et, bien qu’il soit enlevé le jour de notre baptême, la concupiscence, la tendance au mal, un certain goût pour le mal, demeure en nous. C’est un reste, une conséquence du péché originel.
Méditons le passage biblique du péché originel. On y apprend beaucoup de choses. Tout d’abord, ce que Jésus confirmera par la suite, c’est le mensonge du démon. Le péché originel a été choisi librement après un mensonge du démon. Le serpent dit que Dieu ment : « Non, vous ne mourrez pas ». Le mensonge du démon est tentant : qui vais-je croire ? Ensuite, il y a une volonté propre de la part d’Eve : je choisis de croire le serpent. Pourquoi ? Parce que cela l’intéresse de connaître le Bien et le Mal, cela va lui donner une science, une connaissance. Le démon prend notre désir de connaître et de savoir mais fait déborder ce désir de façon désordonnée. En effet, ce désir d’avoir la science du Bien et du Mal nous parle de notre désir d’être comme Dieu. Mais, Seul Dieu sait réellement où est le Bien et où est le Mal. Nous avons une tendance désordonnée à vouloir juger par nous-même ce qui est bien et ce qui est mal. Je vais alors juger avec mes propres critères ; par exemple : « la souffrance est mauvaise » ou « il est bien d’être riche ». Selon MES critères du Bien et du Mal, je me juge moi-même, je juge les autres et même Dieu. Nous avons une opinion sur tout et sur tous. En nous, le péché originel a laissé un goût, une tendance à vouloir être Dieu. Je décide, je juge et je continue mes péchés. Je ne mets pas Dieu à sa place de seul Juge. Si je cherche concrètement la racine de mon péché, je me demande comment je veux prendre la place de Dieu.
Prions l’Esprit-Saint de nous donner la lumière qui nous permettra de reconnaître nos péchés. Il nous donnera sa lumière et nous serons étonnés de voir que certaines choses qui nous paraissaient énormes vont se remettre à leur vraie dimension et d’autres, qui nous paraissaient minimes, vont se montrer beaucoup plus graves.
Dimanche matin, à la messe, c’est encore le père Santiago qui a prononcé l’homélie. La première lecture était tirée du Livre de l’Exode : le don des Dix Commandements, le Psaume 18 B, rappelait aussi la Loi parfaite du Seigneur et enfin, l’évangile du jour présentait l’épisode où Jésus chasse les marchands du Temple. « Nous avons les commandements dans les lectures d’aujourd’hui. Si Dieu nous donne des préceptes, c’est pour que nous l’aimions davantage, pour que nos cœurs soient ouverts. Les commandements de Dieu ne sont pas comme les règles d’un gouvernement qui écrase injustement. On ne peut pas vivre ces commandements de manière humaine mais il faut les vivre de façon divine. Un commandement de Dieu ne peut pas rétrécir nos cœurs mais il doit l’agrandir.
Le Psaume dit que la Parole de Dieu est plus savoureuse que l’or fin, ainsi sont les commandements de Dieu. Dans le Temple, les Juifs vivaient les commandements de Dieu, ils servaient ceux qui venaient faire leur offrande à Dieu. Mais, de ce qui était divin au commencement, ils ont fait une entreprise. Nous aussi, quelquefois, nous vivons les commandements de façon purement humaine. Nous devons changer nos cœurs, ne pas vivre ces commandements de façon mondaine. Par exemple, pourquoi dois-je honorer mes parents ? Pour qu’à travers cette obéissance, en embrassant leur main et en demandant leur bénédiction, nous apprenions à aimer Dieu. Par exemple, quand une sœur entre dans la Communauté, ses parents lui disent qu’elle doit leur obéir : « Comment Dieu voudrait-Il que tu nous abandonnes ? » Nous vivons souvent les Commandements de cette façon, parce que c’est nous qui sommes dans le centre, pas Dieu.
Ne pas tuer : on s’excuse souvent avec ce commandement, en disant : « Je n’ai tué personne et je n’ai pas volé ». En disant cela, nous sommes très loin de Dieu parce que même si nous n’avons pas tué physiquement, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas des assassins. Jésus dit que celui qui juge son frère a déjà tué. Par exemple, nous savons qu’un Musulman a tué un prêtre et une religieuse. Nous jugeons cet homme et ainsi, nous nous faisons les ennemis de la Croix. C’est comme enlever la grâce qu’ont reçue ce prêtre et cette religieuse. Celui-ci a dit : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Le Seigneur les justifie et nous, nous les condamnons. La vision de Dieu est radicalement différente de celle des hommes. Le Chrétien préfère perdre sa vie plutôt que juger car le jugement appartient à Dieu. C’est pourquoi nous prions tous les jours : « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons » et tous les jours, nous jugeons celui qui ne porte pas de masque, celui qui conduit mal, celui qui roule trop lentement, celui qui fait quelque chose qui ne nous plaît pas…Et le péché augmente dans notre cœur et nous ne sommes pas heureux parce que nous sommes assassins dans notre cœur. Nous sommes comme ces Juifs du Temple, notre offrande n’est pas agréable à Dieu.
Ne pas convoiter les biens de mon prochain : On se trouve très chaste, très pur mais dans notre cœur, nous avons des amours que nous possédons, nous nous fâchons quand nos enfants ne nous appellent pas, quand nos petits-enfants ne nous portent pas assez d’attention. Parce que Dieu n’est pas encore au centre de notre cœur. C’est notre ego qui est au centre de notre cœur. On m’a fait ci, on m’a fait ça et je souffre… La seule personne qui puisse nous libérer, c’est Jésus-Christ. Si je ne le regarde pas, je ne veux pas être comme lui, je ne veux pas me charger de ma croix, mon cœur ne va pas être éduqué. C’est pourquoi le Seigneur dit à ceux qui se croient parfaits : « Je vais détruire ce Temple et en trois jours, je vais le ressusciter. » C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur de perdre notre vie. Le démon utilise la peur de la mort sociale, affective, familiale, la mort de mon ego. Nous ne devons pas avoir peur de la mort parce que le Christ seul va nous libérer de notre péché.
Dimanche après-midi, a lieu le dernier enseignement :
Comment saint Joseph s’est-il laissé guider par l’Esprit-Saint ? La vertu essentielle de saint Joseph est la foi. Quand il reçoit un songe, il ne le met pas en doute. Il obéit tout de suite. Sa foi est très vive, il est prompt à croire les signes que donne le Seigneur. Si on le compare avec Zacharie qui demande un signe, on voit le manque de foi du père de Jean-Baptiste. Saint Joseph a une foi d’enfant, c’est une enfance spirituelle. Il est capable d’avoir une foi rapide mais il n’est pas irréfléchi, il reconnaît que le songe vient de Dieu, il y répond. Notre relation avec le Seigneur est-elle aussi simple et « facile » que celle de saint Joseph ? Avons-nous fait un chèque en blanc à l’Esprit-Saint ? Être fidèle à l’Esprit-Saint dans sa vie, c’est être fidèle au style de l’Esprit-Saint. Saint Jean écrit : « L’Esprit souffle où Il veut, on ne sait pas d’où Il vient, ni où Il va. » L’Esprit est une personne divine qui a un vouloir, des goûts, une manière de vouloir les choses. Son style c’est faire comme Il veut, on ne sait pas d’où Il vient, ni où Il va. L’être humain est très décontenancé par cette façon de faire parce que l’humain aime la sécurité. Le Seigneur, Lui, par exemple, prévient Joseph au dernier moment pour lui dire d’aller en Égypte. Dieu savait pourtant depuis longtemps qu’Hérode voulait faire périr l’enfant. Pourquoi l’Esprit-Saint nous fait-Il vivre comme cela ? Parce qu’ainsi, nous devenons plus souples, plus modelables. L’Esprit-Saint a besoin que nous soyons malléables, souples. Si nous sommes durs comme du marbre, Il aura besoin de taper plus fort, de donner un coup plus dur. Quand saint Paul compare notre condition humaine à de l’argile, il montre que le Seigneur nous façonne, que c’est l’Esprit-Saint qui réalise la sainteté en nous. Saint Joseph était disponible dans les détails, parce qu’il était un enfant dans les bras de son Père. Il n’avait aucun doute sur l’amour de son père, c’est pourquoi il était capable de vivre au rythme de l’Esprit-Saint.
Il respectait aussi l’Esprit-Saint dans les autres et tout d’abord dans son épouse Marie. Il reçoit comme épouse une femme qui a une relation tellement spéciale avec Dieu, qu’Elle enfante le divin. Chaque personne est un mystère parce que chacun a une relation unique avec Dieu. Entre époux, on peut avoir la tentation de penser tout savoir sur la relation de son conjoint avec Dieu. Mais chacun a son propre chemin, que l’autre doit respecter. L’autre n’est pas ma propriété. Chaque personne est l’unique propriété de Dieu. Nous devons respecter ce mystère de l’autre, comme saint Joseph l’a fait avec son épouse. Une autre tentation, au bout de plusieurs années de mariage, est de croire que l’on connaît son conjoint par cœur. C’est faux, l’autre a une vie intérieure que je ne connais pas.
Chaque jour, saint Joseph reçoit Marie comme un trésor nouveau. Dans le plan de Dieu, saint Joseph a reçu Marie dans sa réalité d’aide mutuelle. Rappelons-nous que Dieu cherche pour Adam « une aide qui lui soit assortie » Gn 2, 18. Saint Joseph accepte ce plan de Dieu : Joseph et Marie se reçoivent chacun comme aide adéquate, l’un pour l’autre. Saint Joseph aurait pu refuser parce que Marie était beaucoup plus sainte que lui. Mais Dieu lui a donné cette grâce d’être son aide adéquate. La Vierge Marie respectait ce mystère de Dieu en saint Joseph et l’Esprit-Saint disait à saint Joseph ce que la famille devait faire. Les couples doivent respecter ce chemin de Dieu dans le conjoint et la confiance inclut le respect. Saint Joseph a respecté le mystère de l’Esprit-Saint dans son épouse et dans son Fils, Jésus, conçu de l’Esprit-Saint.
Saint Joseph a accepté l’Enfant-Jésus dans sa réalité d’homme et de Dieu, il a suivi l’Esprit-Saint. Quand Jésus a douze ans et qu’il reste à Jérusalem à l’insu de ses parents, ceux-ci le cherchent, angoissés mais la réponse de Jésus montre qu’il existe aussi un mystère chez l’enfant. Les parents doivent respecter ce mystère. Ils savent que les enfants sont appelés au ciel et les parents ne peuvent qu’aider leurs enfants à cheminer vers le ciel, sans donner leur avis.
Saint Joseph a aussi accepté l’Esprit-Saint dans la vie quotidienne, dans son travail et ses différentes allées et venues au rythme de l’Esprit-Saint. Sa vertu essentielle est la vertu du silence : il ne se met pas au centre de sa vie, ni de la vie des autres. Le centre du cœur de saint Joseph c’est Dieu. Il est rempli de Dieu. Il est à l’écoute de Dieu comme la Vierge Marie qui méditait dans son cœur. Il faut savoir attendre le temps de l’Esprit-Saint, qui est notre modèle. Saint Joseph sait que celui qui a la sagesse et la science, c’est l’Esprit-Saint. La vie de saint Joseph est la preuve que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans notre vie quotidienne. Il respecte notre liberté et Il attend qu’on Le laisse faire. Il faut L’appeler et L’écouter. Il n’est pas indifférent à notre vie terrestre, TOUT L’intéresse !
Cherchons à avoir l’intériorité et le silence suffisants pour recevoir l’Esprit-Saint. Cela ne signifie pas être taciturne. Au contraire, il faut communiquer.
Sœur Claire a rappelé que le pape François avait accordé l’indulgence plénière pendant toute l’année saint Joseph. Pour la recevoir – pour nous ou pour les défunts – nous pouvons :
• Invoquer saint Joseph ouvrier avant son travail
• Offrir une oraison à saint Joseph en faveur de l’Église persécutée.
• Méditer 30 minutes le Notre-Père
• Prier pour les intentions du Saint-Père

Ces trois jours de récollection se sont terminés après la messe du dimanche soir et ont été très appréciés des nombreux fidèles qui y ont participé.

Stéphanie d’Espiès

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