5 – 7 mars 2021 : Week-end de récollection

Getafe

Les trois jours de récollection avec les Frères et Sœurs de l’Amour Miséricordieux de Getafe, Espagne, du vendredi 5 au dimanche 7 mars 2021.
Pour la troisième année consécutive, les frères et sœurs de l’Amour Miséricordieux viennent animer trois jours de récollection à Beauchêne. Le thème de cette année est, sans grande surprise, saint Joseph mais plus particulièrement, l’action de l’Esprit-Saint dans la vie de saint Joseph.
Le premier enseignement, du père Santiago, commence après le Chemin de croix de 15 heures, suivi tous les vendredis de Carême, à Beauchêne : « Comment l’Esprit-Saint a-t-il façonné l’âme de saint Joseph ? » Dieu a modelé cet homme, né pécheur, de façon très concrète. Dieu nous appelle à la vie de manière très personnelle, avec un plan unique pour chacun de nous. Son plan pour saint Joseph était que celui-ci devienne son Fils, l’époux de la Vierge Marie et le père de Jésus, Dieu fait homme. Ce plan est évidemment exceptionnel et Dieu lui a donné l’abondance de l’Esprit-Saint pour pouvoir être parfaitement enfant de Dieu, époux de la Vierge Marie et père de Dieu fait homme. Ceci montre la grande confiance de Dieu envers saint Joseph. En effet, Dieu prévient toujours, par sa grâce, ce qu’Il nous demande. Alors comment l’Esprit-Saint a-t-il façonné saint Joseph pour ce dessein exceptionnel ? Dans sa vie humaine, c’est un homme comme tous les hommes. Il semble donc très proche de nous. Par le baptême, nous sommes fils de Dieu. Saint Joseph n’a évidemment pas reçu le baptême, c’est pourquoi l’Esprit-Saint lui a donné une grâce réelle, sinon sacramentelle, de fils de Dieu.
Regardons sa façon de réagir, dans les quelques passages de l’évangile qui concernent saint Joseph. Il est appelé « juste » comme le vieillard Siméon, c’est-à-dire que toute sa vie est donnée à Dieu.
1. Sa vie est orientée selon la Loi de Dieu
Un fils reçoit la vie de son père, il la reçoit en permanence dans la vie spirituelle. Toutes ses décisions sont méditées, priées, selon la Loi de Dieu. Par exemple, quand il voit que Marie est enceinte, il cherche quelle est la Loi de Dieu. Sa première façon de vivre est donc de vivre selon la Loi de Dieu. Il ne la juge pas et ne la contourne pas. Il la reçoit comme un cadeau de son Père. La Loi de Dieu est la Loi d’un Père très aimant, qui nous montre le chemin du bonheur en nous donnant les Dix Commandements. Or, il est très difficile à quelqu’un de se soumettre à une autre volonté que la sienne. Pourquoi saint Joseph a-t-il pu le faire ? Parce qu’il avait une confiance absolue dans l’amour de son Père.
2. Il est resté fidèle à la Loi
Il voulait sa Loi avec son cœur et sa volonté parce qu’il avait une confiance absolue en Dieu. Il a donc pu être parfaitement fidèle, il n’a jamais douté. Il existait donc une relation d’intimité entre Dieu et saint Joseph.
3. L’intimité de Dieu et de saint Joseph
Grâce à cette fidélité et à cette intimité, Dieu peut alors lui communiquer sa volonté par des songes. C’est bien la preuve de cette intimité parfaite, bien que saint Joseph ait été pécheur, comme nous l’avons vue, dans le sens qu’il a reçu le péché originel, contrairement à son épouse. Que pouvons-nous en conclure ?
Que le péché n’est pas un obstacle à la grâce. Le péché n’est pas un obstacle pour Dieu. L’obstacle, c’est quand nous tombons et que nous restons à terre. Nos réactions nous centrent souvent sur nous-même et c’est cela qui devient un obstacle pour Dieu. Mais si je me tourne vers Dieu, que je reconnais ma petitesse et que je me tourne vers le Seigneur dans la confession, j’acquiers plus d’humilité et de grâces. Car Dieu peut ainsi convertir le péché en grâce.
Pendant la messe qui a suivi cet enseignement, le père Santiago a également prononcé l’homélie. Il se trouve que, providentiellement, la première lecture de ce jour évoquait le Joseph de l’Ancien Testament, ce que le père Santiago n’a pas manqué de souligner, en considérant que c’était un cadeau du Ciel ! Ainsi le Seigneur confirme-t-il le thème de cette retraite : « Allez à Joseph ». Il existe, en effet, beaucoup de relations entre ces deux Joseph. Saint François de Sales, saint Laurent de Brindisi et plusieurs papes disent que le Joseph de l’Ancien Testament est une figure du Joseph du Nouveau Testament et également une figure du Seigneur.
1. Joseph était le fils bien-aimé de Jacob et ses frères en étaient jaloux comme beaucoup de saints sont jaloux de saint Joseph, à cause de sa relation privilégiée avec la Sainte Vierge.
2. Joseph fut vendu par ses frères, ils le maltraitent et il arrive en Égypte parce que Dieu avait déjà son plan. Joseph ne le comprenait pas mais il a fini par devenir le vice-roi d’Égypte. Il avait accumulé tant de blé qu’on ne pouvait pas le compter. C’est par un songe que saint Joseph est conduit en Égypte parce qu’Hérode veut tuer l’enfant. Saint Joseph ne comprend pas pourquoi il faut aller là, mais le Seigneur veut accomplir cette prophétie : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ». Saint Joseph garde le Seigneur pour le monde, parce que le Seigneur est le pain dont nous avons besoin.
Le monde meurt de manque d’amour et de pain spirituel. C’est pourquoi, on doit toujours garder la figure de saint Joseph dans l’Eucharistie. Le pape François a obligé tous les prêtres à le nommer dans l’Eucharistie, parce que c’est bien lui qui nous a gardé Jésus et qui nous le présente. Dans ces temps de grande misère spirituelle, où les gens ont tellement faim, on a besoin de saint Joseph pour qu’il nous distribue ce pain, pour que nous priions pour ceux qui ne viennent pas se nourrir. Comme les frères de Joseph qui l’ont vendu et sont ensuite venus demander du pain.
Il faut savoir que la Miséricorde de Dieu surpasse tous nos péchés et seul, le Seigneur peut nous rassasier. Dans toutes nos eucharisties, demandons à saint Joseph de rapprocher le pain du Ciel à ceux qui ont besoin de Lui.
Samedi 6, c’est également le père Santiago qui a prononcé l’homélie de la messe matinale. L’évangile était celui de l’Enfant Prodigue. Le père Santiago a alors rappelé que le pape François, dans sa Lettre Apostolique, Patris Corde, imagine que le modèle du père miséricordieux de la parabole est pris sur saint Joseph. C’est sûr que Jésus a vu ce modèle dans la vie de son père et nous devons faire de même. Nous n’avons peut-être pas le même modèle mais nous en avons besoin. Pour le pape François, saint Joseph a une spiritualité qui consiste à accueillir et non pas à expliquer. Le modèle du père que donne saint Joseph est le père qui accueille.
Nous devons accueillir saint Joseph comme notre père parce que notre père nous accueille toujours et nous en avons besoin. Le Fils Prodigue revient à la maison et le père l’accueille et se réjouit. Il l’accueille dans la faiblesse, dans le péché et dans l’échec. Aujourd’hui, nous devons nous mettre sous le manteau de saint Joseph comme Dieu le Père nous accepte. La spiritualité de saint Joseph qui accueille, le Seigneur l‘a vue tous les jours : comment saint Joseph accueillait les pauvres, les étrangers mais surtout, toutes les circonstances de la vie.
Quand une situation que nous ne comprenons pas nous arrive : maladie, injustice, échec … nous nous demandons : « Pourquoi moi ? » Mais ce n’est pas la spiritualité de saint Joseph. Si on veut tout comprendre, on va se révolter contre Dieu. Le pape François cite aussi le livre de Job : quand sa femme cherche des explications, Job lui rétorque que si Dieu donne le bien, pourquoi ne pas accepter le mal ? Cela est vraiment une spiritualité qui accueille. On doit vraiment accueillir la réalité parce que si on veut l’expliquer, on va se mettre en colère, comme le fils aîné, quand son cadet revient. C’est le péché originel qui cherche à savoir par lui-même ce qui est bien ou mal. Le diable est derrière cette attitude. Il faut accueillir sans vouloir contrôler et vivre au mieux ce que Dieu nous envoie. C’est cela, la spiritualité de saint Joseph et de la Vierge Marie. Cette famille fonctionnait ainsi, ils ne luttaient pas pour expliquer ou critiquer les politiques, ils accueillaient et c’est pour cela qu’ils vivaient en paix. Et là où est la paix, là est le Seigneur.
Essayons de ne pas tout comprendre parce que la Croix ne peut pas se comprendre.
Samedi, enseignement après la messe
Hier, nous avons montré comment l’Esprit-Saint travaillait en saint Joseph comme fils de Dieu, époux et père. Aujourd’hui, nous parlerons de saint Joseph comme époux. La meilleure façon est de demander à Notre-Dame qu’elle nous dise les secrets qu’elle seule connaît. Nous allons parler d’un mystère, le plus important pour notre salut.
Chez les Juifs, le mariage se faisait en deux parties : la jeune fille avait 12/13 ans, l’homme 18/20 ans. Les parents arrangeaient le mariage. Ils se promettaient un futur mariage et ensuite seulement, cela pouvait être plusieurs années après, les époux vivaient ensemble. Et saint Joseph avait sans doute déjà vu Marie. Imaginons notre réaction à la vue de Marie. La sœur Belem fait alors référence à une anecdote survenue dans le Bronx, à New-York, grâce aux Franciscains. Un chenapan trouve dans une cabine téléphonique l’image d’un « hippie lumineux ! ». Il ressent alors une grande paix, commence à s’intéresser à ce hippie, est invité en pèlerinage à Fatima, où il pleure tout au long de sa présence là-bas, en découvrant l’amour de la Sainte Vierge pour lui.
Marie a sûrement dit à saint Joseph qu’elle voulait rester vierge et il n’a rien dit. Il a accepté. La docilité de saint Joseph à l’Esprit-Saint est magnifique parce qu’il comprend avec le cœur, non pas avec la tête, qui raisonne avec des connections logiques alors que le cœur comprend la présence de la grâce. La foi ne peut pas s’exprimer dans la logique mais le cœur comprend plus profondément.
Le silence est la preuve de l’action de l’Esprit-Saint chez saint Joseph : il accueille une certitude en silence. Il accueille cette décision de Marie alors qu’ils sont déjà mariés juridiquement. La deuxième partie du mariage se faisait quand la jeune fille était conduite dans la maison de son époux. C’est entre ces deux parties du mariage que l’ange Gabriel apparaît à Marie. La première réponse de Marie est de penser à son époux. Son cœur d’épouse pense à « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » Elle sait que ce sera un problème pour Joseph parce qu’il sait déjà qu’elle veut rester vierge.
Mais elle fait confiance, elle dit OUI. Le monde a besoin qu’Elle dise oui. Quand l’ange annonce à Joseph que l’enfant vient de l’Esprit-Saint, il n’a pas à donner son oui. On attend seulement de lui qu’il obéisse. Nous sommes nés dans le péché, comme saint Joseph et nous-mêmes, nous avons seulement à accueillir et à obéir.
Comment cette Sainte Famille devient-elle le modèle de toute famille ? le cœur de saint Joseph a été d’autant plus déchiré que Marie ne lui dit rien. En effet, elle sait que les mystères de Dieu doivent rester secrets. Elle attend le temps du Seigneur en respectant le silence de Dieu. Elle croit à la bonté de Dieu. Joseph doit apprendre à souffrir pour aimer la Pleine de Grâce, pour apprendre que cette femme ne lui appartient pas, pour la respecter, pour se sanctifier avec elle. Et Joseph souffre mais il doit passer par cette épreuve pour apprendre que la seule chose SÛRE en ce monde est l’amour de Dieu, toujours le même, toujours fidèle.
Et voilà que Joseph apprend que sa femme est un mystère pour lui. Il la voyait tous les jours et il se savait envahi par la présence de Marie. C’était lui le chef de famille, c’est lui que l’Esprit-Saint prévient pour prendre les décisions. Mais il sait bien que l’enfant et son épouse sont les plus importants. Il sait cependant, que c’est lui le chef de famille, même dans la maison du Fils de Dieu ! C’est Joseph qui a enseigné à Jésus le Notre Père. Chaque époux doit aimer son épouse comme Joseph aimait Marie et chaque épouse doit aimer son époux comme Marie aimait Joseph.
Marie qui voulait se consacrer à Dieu, voilà que Dieu lui donne un époux et un enfant ! Marie commence à aimer Dieu davantage, à mesure qu’elle aime Joseph et vice versa. Cet amour d’âme à âme est aussi le fondement du mariage chrétien. Ils cherchaient seulement la volonté de Dieu, avec l’assurance que donne l’amour de ses parents. Le mystère de Marie est qu’elle est unique parce qu’elle a vécu enfouie dans ses moments quotidiens de mère et d’épouse. Quand elle voyait ce que faisait la grâce dans son époux, elle rendait grâce à Dieu. Joseph est l’homme juste, l’homme bon, dans le sens où il assume dans son âme la volonté de Dieu. Il est aussi un mystère d’amour pour Notre-Dame et il n’y a que lui qui soit capable de nous l’enseigner. On comprend très bien Notre-Dame comme notre mère, mais comme épouse ? Nous pouvons arriver à l’aimer au point qu’elle remplisse notre cœur tout entier. Le mariage est le signe de ce que nous vivrons au ciel. Ce que nous vivons sur terre est un reflet de ce que nous vivrons au Ciel. « Ô saint Joseph, apprends-moi à aimer Notre-Dame, comme tu l’aimais sur terre »
Nous avons ensuite vécu le moment le plus bouleversant de ces trois jours, pendant l’adoration. En effet, un prêtre a béni personnellement chacun des participants, petits et grands, avec le Saint-Sacrement. De beaux chants d’amour au Seigneur accompagnaient cette longue cérémonie, où chacun se sentait visité, regardé et aimé en personne par Jésus- Hostie.
Le samedi après-midi, l’enseignement a repris
Comment l’Esprit Saint agit sur saint Joseph ? saint Joseph en tant que père de Jésus
Le Père Santiago s’aide pour cet enseignement des écrits du Pape François et du Pape St Jean Paul II. Joseph est le vrai père de Jésus. On dit souvent que c’est le père adoptif mais NON dit Jean Paul II Ce n’est pas son père biologique, c’est son vrai père. Être père : en principe c’est celui qui donne la vie – Souvent un homme donne vie mais après il peut cesser d’être père. La définition du Père : c’est celui qui donne toujours vie. Il est en permanence Père. Dieu nous donne vie chaque jour. S’il voulait, il nous l’enlèverait. Être père : c’est donner la vie à chaque instant.
La Paternité c’est donner la vie en permanence. Joseph s’est donné entièrement à la vie du Seigneur et, chaque jour, Jésus se construisait en prenant l’exemple sur saint Joseph, son père. Pour nous aussi, saint Joseph peut être notre père. Nous avons besoin du don de saint Joseph en tant que père. Nous devons nous tourner vers lui. Aucun parent ne remplit son rôle aussi bien que saint Joseph. Demandons-lui qu’il nous adopte et qu’il veille sur nous comme il a veillé sur Jésus.
Jésus s’est revêtu de la nature humaine. Il a eu besoin de grandir comme tout être humain. Au baptême, le baptisé reçoit en lui le Christ. Nous sommes fils de Dieu et nous l’avons dans nos âmes. À cause du péché, nous avons besoin de demander à saint Joseph de nous donner la VIE. En créant saint Joseph, c’est un miracle du Seigneur qui nous est donné.
Dieu veut nous donner ce père afin que nous puissions nous blottir dans ses bras lors des difficultés. On dit que saint Joseph est la terreur des démons. Comment saint Joseph a-t-il reçu cette force de Dieu ? En acceptant sa faiblesse et son échec. Il ne se vante pas et s’abandonne totalement à Dieu sans se rebeller. Il accueille et accepte. Importance de ce Père (saint Joseph) qui continue d’avancer avec la force de Dieu. Si nous accueillons saint Joseph comme Père, nous agirons comme lui. Nous, humains, ne savons pas accepter l’échec. On a besoin de demander à saint Joseph « Père apprends -moi à être fort. » La paternité de saint Joseph : être père de Jésus tout en sachant qu’il n’est pas Dieu. La chasteté vient du cœur : nous voulons posséder ce que nous avons créé (c’est mon fils) mais c’est un enfant de Dieu. Être Père c’est faire en sorte que son fils arrive à devenir « enfant de Dieu ».
Par le baptême, nous parents, nous sommes engagés à ce que notre enfant soit enfant de Dieu mais, humainement, on se dit il est à nous. Demandons à St Joseph comment être père, comment élever cet enfant, lui apprendre à remplir sa mission de Fils de Dieu : donner la vie en abondance pour qu’il puisse mourir sur la croix… Parfois, nous voulons porter la croix de nos enfants. Mais chacun doit porter sa croix. Chacun a ses obligations. Les enfants aussi. Jésus travaillait à l’atelier comme charpentier. Il apprenait à servir, à porter sa croix. Le mensonge consiste à dire qu’on doit protéger nos enfants. C’est faux. Ils ont leurs responsabilités, leurs tâches à accomplir. Jésus a grandi à partir de ce que lui a appris saint Joseph. Cela dépasse la psychologie. saint Joseph est Père de Jésus et protecteur de la Sainte Famille. Saint Joseph fait ce que Dieu lui demande. Nous devons faire de même. Souvent nous savons que nous allons mal faire alors nous ne voulons pas le faire. La Sainteté ne consiste pas à faire mieux que les autres. A-t-on déjà vu un père faire des choses qu’il ne connait pas et n’arrive pas à faire et être content de son échec ?
Saint Joseph est ainsi, Il accepte ses échecs et sa faiblesse. Que St Joseph nous accueille comme ses enfants afin que devenions comme lui. Amen
L’enseignement continue sur le péché originel, qui nous apprend comment est Dieu et comment Il réagit. N’oublions pas que c’est une Personne, qui a des sentiments. Souvent, les gens se plaignent qu’ils ne voient pas l’intérêt de se confesser parce qu’ils disent toujours la même chose. Il y a pourtant une autre manière de regarder notre péché. Pour couper un arbre, il faut aller à la racine. Il faut alors voir quelle est la racine de mon péché. La racine du péché se trouve dans le péché originel. Nous avons tous – sauf la Vierge Marie – été conçus dans le péché originel et, bien qu’il soit enlevé le jour de notre baptême, la concupiscence, la tendance au mal, un certain goût pour le mal, demeure en nous. C’est un reste, une conséquence du péché originel.
Méditons le passage biblique du péché originel. On y apprend beaucoup de choses. Tout d’abord, ce que Jésus confirmera par la suite, c’est le mensonge du démon. Le péché originel a été choisi librement après un mensonge du démon. Le serpent dit que Dieu ment : « Non, vous ne mourrez pas ». Le mensonge du démon est tentant : qui vais-je croire ? Ensuite, il y a une volonté propre de la part d’Eve : je choisis de croire le serpent. Pourquoi ? Parce que cela l’intéresse de connaître le Bien et le Mal, cela va lui donner une science, une connaissance. Le démon prend notre désir de connaître et de savoir mais fait déborder ce désir de façon désordonnée. En effet, ce désir d’avoir la science du Bien et du Mal nous parle de notre désir d’être comme Dieu. Mais, Seul Dieu sait réellement où est le Bien et où est le Mal. Nous avons une tendance désordonnée à vouloir juger par nous-même ce qui est bien et ce qui est mal. Je vais alors juger avec mes propres critères ; par exemple : « la souffrance est mauvaise » ou « il est bien d’être riche ». Selon MES critères du Bien et du Mal, je me juge moi-même, je juge les autres et même Dieu. Nous avons une opinion sur tout et sur tous. En nous, le péché originel a laissé un goût, une tendance à vouloir être Dieu. Je décide, je juge et je continue mes péchés. Je ne mets pas Dieu à sa place de seul Juge. Si je cherche concrètement la racine de mon péché, je me demande comment je veux prendre la place de Dieu.
Prions l’Esprit-Saint de nous donner la lumière qui nous permettra de reconnaître nos péchés. Il nous donnera sa lumière et nous serons étonnés de voir que certaines choses qui nous paraissaient énormes vont se remettre à leur vraie dimension et d’autres, qui nous paraissaient minimes, vont se montrer beaucoup plus graves.
Dimanche matin, à la messe, c’est encore le père Santiago qui a prononcé l’homélie. La première lecture était tirée du Livre de l’Exode : le don des Dix Commandements, le Psaume 18 B, rappelait aussi la Loi parfaite du Seigneur et enfin, l’évangile du jour présentait l’épisode où Jésus chasse les marchands du Temple. « Nous avons les commandements dans les lectures d’aujourd’hui. Si Dieu nous donne des préceptes, c’est pour que nous l’aimions davantage, pour que nos cœurs soient ouverts. Les commandements de Dieu ne sont pas comme les règles d’un gouvernement qui écrase injustement. On ne peut pas vivre ces commandements de manière humaine mais il faut les vivre de façon divine. Un commandement de Dieu ne peut pas rétrécir nos cœurs mais il doit l’agrandir.
Le Psaume dit que la Parole de Dieu est plus savoureuse que l’or fin, ainsi sont les commandements de Dieu. Dans le Temple, les Juifs vivaient les commandements de Dieu, ils servaient ceux qui venaient faire leur offrande à Dieu. Mais, de ce qui était divin au commencement, ils ont fait une entreprise. Nous aussi, quelquefois, nous vivons les commandements de façon purement humaine. Nous devons changer nos cœurs, ne pas vivre ces commandements de façon mondaine. Par exemple, pourquoi dois-je honorer mes parents ? Pour qu’à travers cette obéissance, en embrassant leur main et en demandant leur bénédiction, nous apprenions à aimer Dieu. Par exemple, quand une sœur entre dans la Communauté, ses parents lui disent qu’elle doit leur obéir : « Comment Dieu voudrait-Il que tu nous abandonnes ? » Nous vivons souvent les Commandements de cette façon, parce que c’est nous qui sommes dans le centre, pas Dieu.
Ne pas tuer : on s’excuse souvent avec ce commandement, en disant : « Je n’ai tué personne et je n’ai pas volé ». En disant cela, nous sommes très loin de Dieu parce que même si nous n’avons pas tué physiquement, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas des assassins. Jésus dit que celui qui juge son frère a déjà tué. Par exemple, nous savons qu’un Musulman a tué un prêtre et une religieuse. Nous jugeons cet homme et ainsi, nous nous faisons les ennemis de la Croix. C’est comme enlever la grâce qu’ont reçue ce prêtre et cette religieuse. Celui-ci a dit : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Le Seigneur les justifie et nous, nous les condamnons. La vision de Dieu est radicalement différente de celle des hommes. Le Chrétien préfère perdre sa vie plutôt que juger car le jugement appartient à Dieu. C’est pourquoi nous prions tous les jours : « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons » et tous les jours, nous jugeons celui qui ne porte pas de masque, celui qui conduit mal, celui qui roule trop lentement, celui qui fait quelque chose qui ne nous plaît pas…Et le péché augmente dans notre cœur et nous ne sommes pas heureux parce que nous sommes assassins dans notre cœur. Nous sommes comme ces Juifs du Temple, notre offrande n’est pas agréable à Dieu.
Ne pas convoiter les biens de mon prochain : On se trouve très chaste, très pur mais dans notre cœur, nous avons des amours que nous possédons, nous nous fâchons quand nos enfants ne nous appellent pas, quand nos petits-enfants ne nous portent pas assez d’attention. Parce que Dieu n’est pas encore au centre de notre cœur. C’est notre ego qui est au centre de notre cœur. On m’a fait ci, on m’a fait ça et je souffre… La seule personne qui puisse nous libérer, c’est Jésus-Christ. Si je ne le regarde pas, je ne veux pas être comme lui, je ne veux pas me charger de ma croix, mon cœur ne va pas être éduqué. C’est pourquoi le Seigneur dit à ceux qui se croient parfaits : « Je vais détruire ce Temple et en trois jours, je vais le ressusciter. » C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur de perdre notre vie. Le démon utilise la peur de la mort sociale, affective, familiale, la mort de mon ego. Nous ne devons pas avoir peur de la mort parce que le Christ seul va nous libérer de notre péché.
Dimanche après-midi, a lieu le dernier enseignement :
Comment saint Joseph s’est-il laissé guider par l’Esprit-Saint ? La vertu essentielle de saint Joseph est la foi. Quand il reçoit un songe, il ne le met pas en doute. Il obéit tout de suite. Sa foi est très vive, il est prompt à croire les signes que donne le Seigneur. Si on le compare avec Zacharie qui demande un signe, on voit le manque de foi du père de Jean-Baptiste. Saint Joseph a une foi d’enfant, c’est une enfance spirituelle. Il est capable d’avoir une foi rapide mais il n’est pas irréfléchi, il reconnaît que le songe vient de Dieu, il y répond. Notre relation avec le Seigneur est-elle aussi simple et « facile » que celle de saint Joseph ? Avons-nous fait un chèque en blanc à l’Esprit-Saint ? Être fidèle à l’Esprit-Saint dans sa vie, c’est être fidèle au style de l’Esprit-Saint. Saint Jean écrit : « L’Esprit souffle où Il veut, on ne sait pas d’où Il vient, ni où Il va. » L’Esprit est une personne divine qui a un vouloir, des goûts, une manière de vouloir les choses. Son style c’est faire comme Il veut, on ne sait pas d’où Il vient, ni où Il va. L’être humain est très décontenancé par cette façon de faire parce que l’humain aime la sécurité. Le Seigneur, Lui, par exemple, prévient Joseph au dernier moment pour lui dire d’aller en Égypte. Dieu savait pourtant depuis longtemps qu’Hérode voulait faire périr l’enfant. Pourquoi l’Esprit-Saint nous fait-Il vivre comme cela ? Parce qu’ainsi, nous devenons plus souples, plus modelables. L’Esprit-Saint a besoin que nous soyons malléables, souples. Si nous sommes durs comme du marbre, Il aura besoin de taper plus fort, de donner un coup plus dur. Quand saint Paul compare notre condition humaine à de l’argile, il montre que le Seigneur nous façonne, que c’est l’Esprit-Saint qui réalise la sainteté en nous. Saint Joseph était disponible dans les détails, parce qu’il était un enfant dans les bras de son Père. Il n’avait aucun doute sur l’amour de son père, c’est pourquoi il était capable de vivre au rythme de l’Esprit-Saint.
Il respectait aussi l’Esprit-Saint dans les autres et tout d’abord dans son épouse Marie. Il reçoit comme épouse une femme qui a une relation tellement spéciale avec Dieu, qu’Elle enfante le divin. Chaque personne est un mystère parce que chacun a une relation unique avec Dieu. Entre époux, on peut avoir la tentation de penser tout savoir sur la relation de son conjoint avec Dieu. Mais chacun a son propre chemin, que l’autre doit respecter. L’autre n’est pas ma propriété. Chaque personne est l’unique propriété de Dieu. Nous devons respecter ce mystère de l’autre, comme saint Joseph l’a fait avec son épouse. Une autre tentation, au bout de plusieurs années de mariage, est de croire que l’on connaît son conjoint par cœur. C’est faux, l’autre a une vie intérieure que je ne connais pas.
Chaque jour, saint Joseph reçoit Marie comme un trésor nouveau. Dans le plan de Dieu, saint Joseph a reçu Marie dans sa réalité d’aide mutuelle. Rappelons-nous que Dieu cherche pour Adam « une aide qui lui soit assortie » Gn 2, 18. Saint Joseph accepte ce plan de Dieu : Joseph et Marie se reçoivent chacun comme aide adéquate, l’un pour l’autre. Saint Joseph aurait pu refuser parce que Marie était beaucoup plus sainte que lui. Mais Dieu lui a donné cette grâce d’être son aide adéquate. La Vierge Marie respectait ce mystère de Dieu en saint Joseph et l’Esprit-Saint disait à saint Joseph ce que la famille devait faire. Les couples doivent respecter ce chemin de Dieu dans le conjoint et la confiance inclut le respect. Saint Joseph a respecté le mystère de l’Esprit-Saint dans son épouse et dans son Fils, Jésus, conçu de l’Esprit-Saint.
Saint Joseph a accepté l’Enfant-Jésus dans sa réalité d’homme et de Dieu, il a suivi l’Esprit-Saint. Quand Jésus a douze ans et qu’il reste à Jérusalem à l’insu de ses parents, ceux-ci le cherchent, angoissés mais la réponse de Jésus montre qu’il existe aussi un mystère chez l’enfant. Les parents doivent respecter ce mystère. Ils savent que les enfants sont appelés au ciel et les parents ne peuvent qu’aider leurs enfants à cheminer vers le ciel, sans donner leur avis.
Saint Joseph a aussi accepté l’Esprit-Saint dans la vie quotidienne, dans son travail et ses différentes allées et venues au rythme de l’Esprit-Saint. Sa vertu essentielle est la vertu du silence : il ne se met pas au centre de sa vie, ni de la vie des autres. Le centre du cœur de saint Joseph c’est Dieu. Il est rempli de Dieu. Il est à l’écoute de Dieu comme la Vierge Marie qui méditait dans son cœur. Il faut savoir attendre le temps de l’Esprit-Saint, qui est notre modèle. Saint Joseph sait que celui qui a la sagesse et la science, c’est l’Esprit-Saint. La vie de saint Joseph est la preuve que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans notre vie quotidienne. Il respecte notre liberté et Il attend qu’on Le laisse faire. Il faut L’appeler et L’écouter. Il n’est pas indifférent à notre vie terrestre, TOUT L’intéresse !
Cherchons à avoir l’intériorité et le silence suffisants pour recevoir l’Esprit-Saint. Cela ne signifie pas être taciturne. Au contraire, il faut communiquer.
Sœur Claire a rappelé que le pape François avait accordé l’indulgence plénière pendant toute l’année saint Joseph. Pour la recevoir – pour nous ou pour les défunts – nous pouvons :
• Invoquer saint Joseph ouvrier avant son travail
• Offrir une oraison à saint Joseph en faveur de l’Église persécutée.
• Méditer 30 minutes le Notre-Père
• Prier pour les intentions du Saint-Père

Ces trois jours de récollection se sont terminés après la messe du dimanche soir et ont été très appréciés des nombreux fidèles qui y ont participé.

Stéphanie d’Espiès

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30 janvier 2021 : Couronnement de la statue de Notre-Dame de Beauchêne par le Pape François

Messe à l’abbaye le samedi 30 janvier 2021

Pendant que la délégation de Beauchêne attendait au Vatican d’être reçue par le Saint-Père, à Beauchêne, le père Joseph présidait la messe de Notre-Dame, Secours des Chrétiens. L’assemblée y était quasiment aussi nombreuse que pour une messe dominicale. L’évangile de la Tempête apaisée a inspiré père Joseph pour son homélie. En effet, Jésus pose deux questions aux apôtres : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? » et « N’avez-vous pas encore la foi ? ». Demandons au Seigneur d’augmenter notre foi ; demandons-le lui par l’intercession de Notre-Dame de Beauchêne. Aujourd’hui, le père Paul est à Rome pour que le pape François pose les couronnes sur la statue, grâce à vos dons et à votre générosité. Cela est un signe pour le pape François que le culte marial rendu à Beauchêne est un culte ecclésial. C’est la foi en Notre-Dame de Beauchêne qui a poussé père Paul à renouveler la statue et les couronnes, parce qu’il a une grande dévotion à la Vierge Marie et surtout à Notre-Dame de Beauchêne.
Nous sommes témoins, continue père Joseph, que beaucoup d’entre vous, venez ici souvent pour prier la Sainte Vierge parce qu’Elle éduque notre foi. Mère de Dieu et Reine du Ciel, Elle nous conduit à Jésus-Christ. Comme disait Pie XII : «Heureux le peuple dont le Seigneur est Dieu, dont la Reine est la Mère de Dieu ! »
Que cette journée ravive en nous notre foi en Notre-Dame de Beauchêne, Secours des Chrétiens et Patronne du Bocage vendéen ; que cette foi, reçue de nos ancêtres, conduise notre famille, notre Bocage, notre pays pour qu’ils soient dignes d’être appelés enfants de Dieu. »
Les intentions du jour étaient évidemment centrées sur le recouronnement de la statue et sur la France où la Vierge Marie est apparue si souvent. Le chapelet des Mystères Joyeux, suivi par toute l’assemblée après la messe, déposait toutes les mamans sous la protection de Notre-Dame de Beauchêne. Enfin, la chorale a chanté Ô Clemens, Ô Dulcis, Ô Pia Virgo Maria avant le Laudate Mariam, repris avec conviction et émotion par toute l’assemblée, en ce jour vraiment particulier pour Beauchêne.

Recouronnement de la statue miraculeuse par le pape François à Rome

Dès que nous avons quitté Beauchêne pour nous diriger vers Rome, la joie ne nous a pas abandonnés un instant. Notre voyage a été un vrai pèlerinage. Notre parcours vers Rome était entremêlé de nos discussions fraternelles et de nos prières, Marie était avec nous.
Ce moment attendu depuis plusieurs mois, avec grande impatience, commençait à se réaliser. De temps en temps, nous doutions encore : vraiment ce n’est pas un rêve ? le pape François va bien mettre les couronnes sur la statue de Notre-Dame de Beauchêne ?
Le 30 janvier arrive et après la Messe et les prières, nous quittons notre Curie générale à Rome pour nous rendre au Vatican. Après plusieurs contrôles et petits arrêts, nous arrivons au Palais Apostolique bien avant le temps prévu. Cela nous a permis de voir plusieurs salles ainsi que la chapelle Redemptoris Mater avec les fameuses mosaïques du père Rupnik.
Le pape nous a accueillis avec un grand sourire, il a salué chacun de nous personnellement, j’ai présenté mes confrères et ensuite on nous a placés tous ensemble pour une photo de groupe. Puis, avec le Saint Père, nous nous sommes dirigés vers une petite table où était déjà installée Notre-Dame de Beauchêne. Je lui ai rapidement raconté l’histoire de la Statue et je l’ai informé que, en ce moment-même, beaucoup de fidèles étaient réunis à Beauchêne pour la Messe et le Chapelet en union avec le Saint Père. Le pape a répondu que « c’est le peuple de Dieu qui prie. » Ensuite le Saint Père a posé les couronnes et les a bénies et nous avons prié le « Je vous salue Marie » en italien. Le pape François a plusieurs fois touché la Statue avec tendresse. A la fin, il nous a dit de ne pas oublier la Vierge ; il nous a remerciés de notre visite et il nous a demandé de prier pour lui, en saluant de nouveau chacun séparément.
Cette audience est très importante pour notre Sanctuaire car c’est l’unique Statue de France qui a été couronnée par le pape François. Le Souverain Pontife ne couronne pas n’importe quelle image ou statue. La statue de Notre-Dame de Beauchêne est miraculeuse, le culte en est séculaire et la dévotion mariale est fervente. Notre-Dame intercède pour nous auprès de son Fils et les grâces, les guérisons et les conversions témoignent d’elles-mêmes.
Tout de suite après l’audience chez le pape, nous sommes allés chez le cardinal Robert Sarah, le préfet de la Congrégation pour le Culte Divin ; son Éminence connait Beauchêne et la Vierge et il a été content de pouvoir prier avec nous devant la Statue. Nous l’avons invité pour l’installation de Notre-Dame de Beauchêne quand le nouvel autel sera prêt. Espérons que le cardinal Sarah pourra venir pour bénir l’autel et installer Notre-Dame de Beauchêne dans sa nouvelle demeure.
L’après-midi, nous étions accueillis très chaleureusement par les Petites Sœurs des Pauvres où, avec elles, nous avons fait la prière d’action de grâces pour le recouronnement papal.
Que cet extraordinaire évènement puisse augmenter en nous la foi et nous rapprocher de Dieu.

Article : HOMMAGE AU CARDINAL PIE

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24 décembre 2020 : La Messe de nuit

Loué soit le Saint Nom du Seigneur +

Nous remercions Dieu, le Tout-Puissant, pour toutes les grâces et pour les belles expériences qu’il nous a données en cette année 2020, spécialement en ce temps de Noël.  Avec la présence des confrères, des fidèles et la présence spirituelle de nos familles, ces jours ont été précieux. Et finalement, les cœurs impatients pendant ces longs jours d’attente ont été bien consolés ! Quelle joie de nous revoir et de nous réunir les uns et les autres, en chantant des chants de Noël autour de la crèche en l’honneur du Divin Enfant.

La situation d’aujourd’hui, due au Covid-19, est encore grave, ici comme dans le monde entier, mais cela ne nous a pas empêchés de célébrer la naissance de notre Sauveur. Comme chaque année, à Beauchêne, nous célébrons cette fête dans notre communauté avec une liturgie très solennelle et très belle. Dans la chapelle, la communauté a mis des décorations pour créer une belle ambiance pour Noël, et les frères en formation ont confectionné une grande étoile et une belle crèche pour que l’on puisse bien méditer le mystère de la Nativité.

« La voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin de l’Eternel, aplanissez dans le lieu stérile une route pour notre Dieu » Isaïe 40, 3. Je suppose que la préparation spirituelle et aussi matérielle se sont bien passées, car j’ai vu des visages rayonnants de joie. Quant à nous, les Chanoines, nous nous sommes préparés spirituellement, dans la prière, dans le silence (intérieur), dans le travail spirituel personnel et communautaire. Le 24 décembre, la préparation ‘matérielle’ était remarquable dans la communauté, parce que les frères avaient préparé de bons repas philippins : lechon belly – une poitrine du porc grillé, le barbecue – de la viande de porc, et pancit – ce sont des pâtes chinoises, très appréciées aux Philippines. Et le même soir après le repas, c’était la distribution des cadeaux ! Les frères philippins ont organisé à la communauté quelque chose qui est propre à leur pays, que l’on l’appelle « Manito » : c’est le nom d’une activité pendant laquelle (avant le jour prévu de la distribution) on écrit le nom de chaque membre, sur un petit papier puis on le met dans une boîte, et chacun tire un nom ; on ne divulgue pas le nom que l’on a tiré ; nous ne savons qui est notre ‘« Manito » qu’au moment de la distribution ; chacun va donner un cadeau à celui qu’il a tiré. Au moment de la distribution, presque tout le monde a reçu une tasse XXL comme cadeau ! Et c’est génial car nous ne savions pas que nous avions eu la même idée pour donner quelque chose pouvant faire plaisir à notre « Manito »  ; c’est parfait car maintenant il y a beaucoup de tasses à l’Abbaye ! Puis le père Maître a aussi donné des cadeaux à ses profès et à ses novices, après, nous avons aussi déballé tous les cadeaux donnés par des fidèles et des amis de la communauté. Nous avons donné, nous avons reçu, et nous avons tous partagé ce que nous avions. C’était une belle soirée de partage et de joie. Le 25 décembre après la messe, tout le monde a offert tous ses meilleurs souhaits à ses amis, à ses familles et à ses proches avec des sourires éclatants derrière le masque.  Et le même soir après le repas, toute la communauté s’est rassemblée dans la salle commune en chantant joyeusement des chants de Noël dans des langues différentes.

Quelle joie d’avoir donné tout ce qu’on a reçu. Selon moi, ce qui est le plus joyeux dans la vie n’est pas de recevoir mais de donner. Et quelle joie d’être avec nos amis, nos proches, nos familles, nos communautés en ce temps de Noël malgré la pandémie que nous affrontons aujourd’hui. Ce mystère de la Nativité du Seigneur nous a fait rappeler que nous tous, avons des origines familiales et nationales – dont nous pouvons parler, et que nous pouvons partager avec d’autres. Le dimanche 27 décembre, nous avons célébré la Sainte Famille et je suppose que nous avons bien saisi l’essence de cette fête grâce de la prédication du père Stéphane Axisa, CRL.

Il est vrai qu’en ce temps de Noël de l’année 2020, la célébration a été un peu différente par rapport à l’année dernière, mais la grâce de Dieu nous suffit. La présence de nos frères et de nos amis (même la présence spirituelle en unité de prières) a revêtu nos jours si précieux d’une grande valeur. Et en cette nouvelle année 2021 qui commence, souhaitons devenir plus ouverts à la grâce de Dieu afin d’avoir beaucoup de choses à donner. Que la charité de chacun de nous ne se manifeste pas seulement dans le temps de Noël mais qu’elle soit vivante toute l’année, et que nous tous les Chrétiens, fassions beaucoup de progrès dans nos vies spirituelles. Comme il est écrit : « Si nous pouvions, chaque année, nous débarrasser d’un seul défaut, nous serions bientôt parfaits ». (Cf. Imitation de Jésus-Christ, première partie – Ch. 11 :5.)

Frère Wilfredo Ando, CRL

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26 septembre 2020 : Journée de conférences à l’abbaye

Notre abbaye, dans le cadre du Jubilé, a connu une grande activité ces jours derniers. En effet, samedi 26 septembre, nous avons eu la joie d’accueillir Mgr Hugues Paulze d’Ivoy, Père Abbé de la Congrégation des Chanoines Réguliers de Saint-Victor, venu tout spécialement de Champagne en Ardèche. C’est lui qui a présidé la messe d’ouverture de ce samedi inhabituel, nous rappelant dans son homélie que notre unité se fait par l’écoute de la Parole de Dieu. Il nous a exhortés à nous laisser transformer par cette Parole, comme la Vierge Marie qui mettait cette Parole en pratique. Après la récitation de chapelet, le père Paul a ouvert cette journée de conférences, en rappelant l’héritage que nous portons sur nos épaules : la richesse historique et spirituelle de notre abbaye. Il a ensuite présenté le programme du jour et les différents intervenants : le père Abbé Mgr Paulze d’Ivoy, M. Richard Lueil, natif de la région et passionné de l’histoire des Guerres de Vendée et M. Guillaume Rossello, doctorant à l’Université de Poitiers, dont la thèse porte sur l’histoire religieuse du Poitou. Ensuite, M. Bertrand de La Bonnelière, nommé « maître du temps de cette journée » par le père Paul, a donné le fil rouge de ces conférences, le résumant par le mot : Fidélité. En effet, a-t-il rappelé, nous sommes les protagonistes d’une histoire qui a débuté voici 800 ans et dont le mystère est éclairé par la découverte d’une statue dans un chêne séculaire…
Débutant ce cycle de conférences, le père Abbé a aidé les nombreux fidèles présents à s’y retrouver dans les arcanes de la Confédération des Chanoines Réguliers et les charismes propres à chaque Congrégation. D’aucuns se sont sentis soulagés d’apprendre que ce qu’il faut retenir, c’est que c’est saint Augustin qui relie tous ces chanoines par la règle qu’il a lui-même édictée au IVème siècle, sur le modèle de la vie des Apôtres après la Pentecôte. Après cette première conférence très éclairante sur les Chanoines Réguliers, les auditeurs ont été invités à visiter l’exposition présentée dans le vestibule de l’abbaye. Cette exposition a pour but de montrer les trésors matériels et spirituels de l’abbaye, son histoire et la figure de Mgr Pie, grâce à qui tout a recommencé en 1870 ainsi que les photos des événements et des chanoines qui se sont succédé depuis 150 ans. Cette exposition, préparée en grande partie par 3 fidèles de l’abbaye, a rencontré un vif succès parmi les assistants. M. Guillaume Rossello n’a pas ménagé sa peine en commentant de nombreux objets ou photographies exposés.
Après le déjeuner partagé dans la Salle du Relais, M. Richard Lueil est intervenu sur l’histoire de l’abbaye pendant les Guerres de Vendée, évoquant forcément les exactions commises par les Bleus autour de Cerizay, et élargissant son propos au Bocage vendéen et bressuirais. Son intervention s’intitulait : L’abbaye de Beauchêne, des Puyguyon aux La Rochejaquelein, soulignant ainsi que son propos se focalisait sur les différents propriétaires de l’abbaye, du Moyen Age à la Révolution et les vicissitudes que le monument et ses occupants, eurent à subir pendant les Guerres de Religion et la Révolution.
Ensuite, M. Rossello, remplaçant M. Matthieu, empêché, a présenté le personnage de Mgr Pie, « second saint Hilaire », figure éminente du clergé du XIXème siècle, non seulement en France mais aussi en Europe. Cet évêque marial et ultramontain rencontre de vives oppositions au sein du Second Empire mais, proche du pape Léon XIII, il obtient de lui la venue de Chanoines italiens pour faire revivre l’abbaye de Beauchêne, en 1870, ce qui justifie notre Jubilé actuel.
Enfin, la dernière conférence de M. Rossello a fait état des différents miracles qui ont eu lieu à l’abbaye de Beauchêne et particulièrement, la guérison de la sœur Madeleine, de Cerizay, guérie subitement de multiples handicaps très lourds. Sa guérison est représentée dans le vitrail du chœur, en médaillon : on la voit en train de tendre sa béquille à la Vierge Marie, signe de sa guérison.
En guise de conclusion, Guillaume Rossello a évoqué les événements constitutifs et fondateurs de l’identité de l’abbaye : le couronnement de Notre-Dame de Beauchêne en 1955, la guérison de sœur Madeleine mais aussi ce Jubilé de 2020.
Cette journée passionnante restera dans la mémoire des participants comme un signe de l’histoire de cette abbaye, restée debout malgré toutes les attaques dont elle a été l’objet, et signe aussi, par la présence des participants, de l’avenir qui doit se construire dans la fidélité au service de la Vierge Marie, quelles que soient les difficultés qui se présenteront peut-être dans l’avenir.

Stéphanie d’Espiès

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8 septembre 2020 : La fête patronale du Sanctuaire

Aujourd’hui, jour de liesse à Beauchêne : nous avons fêté la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie, qui est notre fête patronale. Le père Jean-François Croizé, Prieur général et deux frères de la Congrégation des Chanoines Réguliers de Marie, Mère du Rédempteur, sont venus de la Cotellerie, pour nous entourer en ce jour béni. C’est le Prieur qui a présidé la messe et prononcé l’homélie, dans laquelle il a rappelé que si le nom de Jésus est au-dessus de tout nom, le nom de Marie est tellement souvent invoqué ! L’étymologie hébraïque du nom de Marie provient sans doute du mot « Marar » qui évoque l’amertume, et du mot « More » signifiant la myrrhe. En effet, Marie, sans péché, est celle qui a été choisie pour nous donner Celui qui allait porter l’amertume de nos péchés. A ce nom de Marie, donné par ses parents, l’ange Gabriel rajoute l’appellation « pleine de grâce ». Elle ne peut être pleine de grâce, que parce qu’Elle est totalement vide d’Elle-même, pur accueil de cette grâce qui vient du Père. Le père Croizé a alors établi un parallèle entre Marie et le prêtre qui doit être vide de lui-même, et qui, comme Elle, nous donne Jésus de ses mains vides. L’Eglise, dit-il, donne un troisième nom à Marie, celui de Mère : Mère de Dieu, Mère des hommes et Mère de l’Eglise. Comment est-Elle Mère ? En étant totalement donnée. Comme une mère peut l’être dans sa famille. Transparente de la Lumière née de la Lumière, la Vierge Marie offre sa virginité et son consentement total à Dieu. Ainsi, Elle représente l’Eglise, dans laquelle le plus beau témoignage que nous puissions offrir est celui de notre fidélité, de notre charité et de notre joie. N’oublions pas que Marie est toujours là pour ses enfants, alors acceptons d’être vides de nous-mêmes, à sa ressemblance, acceptons de nous laisser conformer au mystère de la Croix du Seigneur afin d’être de vivants témoins de sa Résurrection et d’apporter ainsi la joie au monde !
L’après-midi, le chapelet a été médité et récité à la chapelle, précédant les Vêpres de la Nativité. Une fois encore, les fidèles de l’abbaye ont montré leur attachement à la Vierge Marie en venant nombreux la célébrer.

Stéphanie d’Espiès

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28 août 2020 : La fête de saint Augustin

Le saint patron de notre Congrégation des Chanoines Réguliers du Latran de saint Augustin, a, une fois encore, été dignement fêté à l’abbaye de Beauchêne, ce 28 août. Après avoir commémoré sainte Monique sa mère, la veille, nous avons fêté « le fils de tant de larmes » vendredi dernier. C’est l’abbé Christian Métais, curé de Bouillé-Loretz, invité d’honneur, qui a prononcé l’homélie, lors de la messe concélébrée. Il a plusieurs fois cité Benoît XVI, à propos de saint Augustin et de ses écrits. Le pape émérite, à la lecture des Confessions, ressent l’impression que ce n’est pas un homme du IV° siècle qui écrit mais un homme contemporain, un ami qui lui parle personnellement. Saint Augustin cherchait la vérité d’une manière passionnée mais s’est fourvoyé dans le manichéisme. Comme beaucoup de contemporains, au moment de passer d’une foi reçue à une foi volontairement choisie, il s’éloigne de la foi de l’Église, tout en demeurant fasciné par le Seigneur Jésus. A Milan il allait écouter saint Ambroise, l’évêque de la ville, pour la beauté de ses prêches et un jour, tant attendu par sa mère, son cœur fut touché. En lisant le passage de « l’Épitre aux Romains » de saint Paul, où l’apôtre exhorte ses lecteurs à abandonner les œuvres de chair pour suivre le Christ, il comprend que ces paroles lui sont personnellement adressées et il se convertit radicalement. Il est baptisé à Milan par saint Ambroise le 24 avril 387, la nuit de Pâques. Il revient alors en Afrique, à Hippone, où il est ordonné prêtre en 391, partageant son temps entre la prière et le service des autres, devenant un modèle de vie chrétienne. L’abbé Métais fait alors un rapprochement avec la présence des Chanoines de Beauchêne, indispensable pour nous montrer le chemin du ciel. Il évoque ensuite le silence nécessaire à toute vie spirituelle, et citant à nouveau Benoît XVI, il souhaite que nous cherchions toujours la vérité profonde sur nous-même et sur les choses, avec persévérance, sans avoir peur qu’elle nous saisisse et nous change en profondeur. Dieu ne manquera pas de nous donner sa grâce et sa lumière. Enfin, l’abbé Métais a évoqué la Sainte Vierge Marie, présente dans ce lieu béni de Beauchêne, qui nous donne la main. Jésus ne s’est pas passé de sa mère et Il nous la donne, à chacun, au pied de la Croix, comme mère et éducatrice : Sous votre protection, nous cherchons refuge, sainte Mère de Dieu.
Après l’homélie, 4 personnes, (l’abbé Christian Métais, Madeleine Monnay, Christiane et Jean-Marie Geffard), sont devenues « Familiers et Familières » de la Congrégation des Chanoines Réguliers du Latran, recevant de ce fait, toutes les grâces dont bénéficient les Chanoines eux-mêmes.
Et, comme d’habitude, un joyeux repas a suivi cette messe festive à la salle du Relais, proche de l’abbaye.

Stéphane d’Espiès

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Texte de l’homélie

 

15 août 2020 : Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

La belle fête mariale du 15 août a réuni un grand nombre de personnalités à l’abbaye de Beauchêne. La messe était présidée par son Éminence le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux, entouré du père abbé Jean César Scarcella de Saint-Maurice en Suisse, du père Gérard Durieux, S.D.B., venu de Belgique, de plusieurs autres prêtres et des pères résidant à Beauchêne, les pères Paul, Joseph et Stéphane. Le prieur de l’abbaye, le père Paul, a prononcé un mot d’accueil pour tous ces personnalités présentes, rappelant l’importance pour la France de cette fête séculaire, instituée par le roi Louis XIII, en 1638. (Au même moment, Mgr Aupetit, archevêque de Paris, consacrait la capitale aux Saint Cœurs Unis de Jésus et de Marie…) Au cours de la messe, qui s’est tenue dans le parc devant une nombreuse assemblée, le cardinal a prononcé l’homélie, commentant le Magnificat et rappelant que Jésus a promis à ses apôtres qu’Il allait leur préparer une place, chacun à son rang, laissant évidemment la première place à sa Sainte Mère. Il a ensuite évoqué l’actualité en comparant les mythes antiques de Prométhée et de Gilgamesh au « transhumanisme » d’aujourd’hui, fondé sur la conviction que, grâce à la science et aux techniques, on pourra repousser indéfiniment les limites de la vie. Cette idée devient une idole mais nous savons que les idoles ne tiennent pas leurs promesses… Or, Jésus a dit : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » Jn, 3-36 et la Vierge Marie nous montre le chemin pour accueillir cette vie de Dieu. Toute sa vie a été une vie de foi et de service et c’est en imitant ces deux vertus, que nous pourrons la suivre. Le cardinal a achevé son homélie en s’adressant directement aux jeunes postulants et novices : « N’hésitez pas à prendre avec vous et chez vous la Vierge Marie ».
En effet, les deux novices Wilfredo et Marlon ont prononcé leurs vœux temporaires pour 3 ans, par la profession simple reçue par leur prieur, le père Paul. Et les deux postulants, Reynaldo et Gerome, ont demandé à devenir novices dans la Congrégation des Chanoines Réguliers du Latran. Demande acceptée par le père Paul, permettant alors leur prise d’habit : les anciens, Wilfredo et Marlon, ont solennellement aidé leurs confrères novices à revêtir la soutane noire des Chanoines Réguliers. Ils se sont ensuite prosternés tous les quatre pendant la récitation chantée de la Litanie des Saints.
A l’issue de la messe, les fidèles ont pu se présenter aux divers stands ouverts dans le parc : (ré)abonnement à la revue Le Messager, vente de billets de tombola pour le Jubilé, vente d’objets de piété, inscriptions au pèlerinage à Rocamadour en octobre et présentation du Son et Lumière, qui aura lieu les 14 et 15 août 2021, à l’abbaye, intitulé Un Mystérieux Héritage. Nous avons même pu croiser quelques personnages, vêtus comme aux temps anciens, et les entendre clamer leur indéfectible foi en Dieu et leur attachement à Notre-Dame de Beauchêne, Secours des Chrétiens et Patronne du Bocage Vendéen.
Un (bon) déjeuner a eu lieu dans la salle du Relais, suivi du chapelet puis d’une procession autour de l’abbaye avec la statue de Notre-Dame. Enfin, les Vêpres ont clôturé cette journée mariale.
Le lendemain, dimanche 16 août, la messe a réuni presque autant de fidèles que la veille. C’est toujours le cardinal Ricard qui présidait la messe, entouré de nombreux prêtres. L’homélie commentait l’Évangile de la Cananéenne : bien que l’heure des païens ne soit pas encore venue, Jésus se laisse toucher par la détresse et la foi de la Cananéenne, que les apôtres auraient volontiers expédiée ailleurs ! « Grande est ta foi ! » dit Jésus, admiratif. « Que tout se passe pour toi, comme tu le veux. » Est-ce donc la foi qui sauve ? Non, c’est Dieu qui sauve mais Il a besoin de notre collaboration, Il frappe à la porte et Il attend que nous ouvrions. Nous pouvons alors, soit refuser, soit douter, soit croire avec simplicité et abandon, comme la Cananéenne. L’homélie s’est achevée sur le souhait que la Vierge Marie fasse grandir en nous la foi. La chorale, comme la veille, entraînait l’assemblée avec conviction et talent.
Une fois de plus, la Vierge Marie a été dignement honorée à l’abbaye de Beauchêne.

Stephanie d’Espiès

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3 – 7 août 2020 : Retraite spirituelle communautaire

Le Père Paul avait invité le Père Gérard DURIEUX, Salésien de la Communauté de Bruxelles, qui a accepté avec joie. Le Père Abbé Jean Scarcella, de l’Abbaye St. Maurice de Suisse, ainsi que le Père Philippe Cailleau, de Gerpinnes en Belgique, se sont joints aux membres de notre communauté pour cette retraite. Le thème de la retraite : « Suivre le Christ »
Dans les premiers chapitres de St Marc, Jésus se révèle aux foules et aux disciples : « Grain de sénevé va se lever sans fin… » ; « Qui est ce Père qui espère, Qui est cet homme qui pardonne, qui est ce vent qui invente… ? ».
Le prédicateur, au rythme de deux enseignements par jour, nous présente le chemin « balisé » par Marc, le chemin de la vie à la suite du Christ, à partir des trois annonces de la Passion-Résurrection, dans les chapitres 8, 9 et 10 de son évangile. Ce chemin n’a rien d’un chemin mental ou moral, rigide et contraignant. C’est à une nouveauté de vie que le Christ appelle qui le veut : si tu veux… C’est une respiration dans la Parole et le souffle d’amour du Fils de complaisance… Un chemin d’évangélisation de nos profondeurs, de « métamorphoses » qui nous transfigure en Lui, envoyé du Père. Un chemin de MISSION auprès de tous nos frères humains « défigurés ». Le Père Gérard nous suggère de suivre chaque jour la lecture de ces chapitres, proposée par le P. Philippe Bacq (sj), un théologien belge : il fait bien percevoir la dynamique de CROISSANCE SPIRITUELLE dans laquelle nous entraîne, ou veut nous entrainer, le Ressuscité.
Jésus enseigne les siens sur sa manière d’être Christ. Il accepte d’être rejeté, de souffrir et d’être mis à mort ; il ouvre ce chemin pour eux aussi, dans leur vie quotidienne, à la manière qui sera la leur. Si quelqu’un veut …suivre le Christ de douceur et de non-violence, il est appelé à écouter et à entrer avec Lui et en Lui dans l’agapè du Père, source de toute bonté. Alors il entend l’invitation inlassable du Fils Aimé, « Si quelqu’un veut…qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il m’accompagne… ». (Mc 8, 34-35).
Personne n’est « obligé » de suivre ce chemin : Si quelqu’un veut… Mais à celui qui désire s’engager dans ses pas, il est demandé de rester cohérent avec lui-même dans le choix qu’il a posé avec rigueur. Renoncer à soi-même et porter sa croix : consentir à ses propres faiblesses et fragilités, en osant laisser tomber les images de soi ; porter au jour le jour, sur le chemin de la vie, ce qui a blessé jadis et continue de faire souffrir ; désirer que cela ne soit plus et convenir doucement qu’il en sera peut-être toujours ainsi … et pourtant, accepter que la vie continue à circuler en soi et même par soi. Une vie qui trouve sa force dans un don et un accueil plus que dans une affirmation de soi qui en impose aux autres. .
Chacune des trois « vagues », comme certains appellent les 3 annonces de la Passion-Résurrection, nous conduit un peu plus profond, éduque un peu plus le désir du disciple.
Première annonce : « Grandir dans la foi », (8, 34-9. 29).
Deuxième annonce : « Vivre en communauté ». N’exclure personne, respecter le plus petit. (9, 30 –10, 31).
Troisième annonce : « Devenir serviteurs à sa suite », jusqu’à donner sa vie. (10, 32-52) Chacune de ces « vagues » est à vivre et à revivre à tout instant, selon les « moments » de notre existence. À chaque étape, Marc évoque une résistance en nous à traverser et à dépasser. Ces trois formes de « résistances » (volonté de prendre la tête et de mener nous-même la « marche », se comparer en voulant être le plus grand ou en nous dénigrant, nous laisser habiter par le goût des honneurs et refuser de « mourir »), nous renvoient aux trois tentations du Christ au désert. Ce sont autant d’impasses à traverser, comme autant de petites pâques : aller vers la vie en passant par des morts. .
Face aux résistances des disciples Jésus donne à chaque étape un enseignement, qui leur permet d’accueillir et de pénétrer davantage dans « le mystère du Christ ». Il ne s’agit pas seulement d’y entrer individuellement, mais en communauté. Et Jésus leur donne alors des directives spécifiques pour la vie en communauté : « Si quelqu’un veut être premier, il sera le dernier de tous en servant tous » (9, 35-50). N’exclure personne et respecter le plus petit.
Jésus ne cesse ainsi d’ajuster ses disciples à l’allure du Royaume : « Accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant » pour y entrer. Car pour entrer dans la manière de Dieu, il y a un seuil à franchir : renoncer à être par ce que l’on possède, plus encore, renoncer à être par soi-même. « Si quelqu’un veut être grand parmi vous qu’il soit votre serviteur » (10, 41-45).
D’autres épisodes de rencontre jalonnent cet itinéraire de Foi. La transfiguration et la guérison du fils épileptique : « Viens au secours de mon manque de foi » ; l’enseignement sur le mariage ; l’accueil de l’enfant et l’homme riche ; la guérison de l’aveugle de Jéricho (10, 46-52) ; « le fils précieux », qui s’entend dire : « Va, ta foi t’a sauvé ! », avant de suivre Jésus sur le chemin de Jérusalem.
À plusieurs reprises, Jésus reconnaît que c’est difficile d’entrer dans cette « manière de Dieu », impossible même, sauf auprès de Dieu, comme un enfant près de son père. En d’autres termes, nous avons à accueillir la Bienveillance originelle, (Jésus le prit dans son regard et l’aima), qui sans cesse nous donne :
– De SORTIR de nos enfermements, des fausses images de nous (flatteuses ou négatives), pour ACCUEILLIR HUMBLEMENT ce que nous sommes devant Dieu et GRANDIR vers la vérité de nous-même (à sa ressemblance).
-De S’OUVRIR ainsi à l’autre pour le RECEVOIR dans des relations de réciprocité, avec une FORCE plus forte que la force de domination : dans la divine DOUCEUR.
-De S’OFFRIR (donner sa vie) alors pour SERVIR la vie en tous, librement et en responsabilité, dans la PERSÉVÉRANCE, qui est libre fidélité jusqu’à l’extrême de l’effacement et de l’abandon, source de Fécondité.
Nos journées, vécues dans le silence, furent complétées bien sûr par les offices et l’Eucharistie de chaque jour, enrichie par l’homélie du Père Gérard, et la lecture pendant les repas du livre, simple et profond, « Sagesse d’un pauvre », de Eloi LECLERC (OFM).

Père Joseph Vennix, CRL

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24 juillet 2020 : Soeurs de l’Union-Chrétienne en pèlerinage à Beauchêne

Le 24 juillet nous avons eu la joie de partager une journée fraternelle avec les chanoines du Latran lors de notre pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Beauchêne.
Les novices nous ont réservé un accueil chaleureux autour d’un petit déjeuner avant de nous montrer la prairie et un grand nombre d’oies, canards ou poules qu’ils élèvent. Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas réussi à attraper de poules !
Nous nous sommes unis dans la prière par le Saint Sacrifice de la Messe mais auparavant nous avons pu admirer et vénérer les reliques des frères dont la calotte de Saint Pie X !
Les deux communautés se sont ensuite rassemblées pour un déjeuner succulent. Le Père Paul nous a servi une spécialité polonaise : une soupe qui, malgré la chaleur, a été très appréciée.
Après le déjeuner nous avons eu la chance d’avoir une présentation du sanctuaire et de l’histoire de la Vierge miraculeuse par le Père Stéphane. Quelle chance d’avoir une telle richesse tout près de chez nous ! Nous avons pu nous recueillir et vénérer la Sainte Image et lui confier toutes nos intentions.
Nous avons pu ensuite profiter de la campagne et de la beauté du paysage avant de nous rassembler à nouveau pour la prière des Vêpres. Une fête de famille a été prise en souvenir de cette belle journée.
Nous remercions les frères de leur hospitalité et de leur exemple de prière ainsi que de nous avoir permis de découvrir le trésor caché dans ce sanctuaire.

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15 – 22 juillet 2020 : Voyage en Pologne

« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une page » St. Augustin d’Hippone
La Pologne est un pays chrétien courageux qui chante son histoire dans laquelle les mélodies sont composées en l’honneur de Dieu. Elle possède une véritable beauté, dont la foi est manifestement visible. Elle montre sa fidélité à son Dieu, en enseignant ses vertus célestes à ses enfants, comme le ferait une mère. Les églises, les saints et les saintes, et même les fidèles peuvent nous affirmer tout cela. Nous les avons tous véritablement découverts pendant notre séjour éphémère chez les confrères des Chanoines Réguliers du Latran (Province Polonaise) à Cracovie, l’une des plus grandes villes de Pologne.
Malgré la situation terrible d’aujourd’hui due au Covid-19, le Père Paul Pawlak, les frères novices et les postulants ont fait un très beau voyage en Pologne. Nous y avons acheté des soutanes aux frères pour leur formation : blanche pour les deux frères novices, pour leur première profession et noire pour les frères postulants, pour les accueillir au noviciat. Nous avons été accueillis très fraternellement par nos confrères polonais, comme des frères du Christ. Nous avons mangé ensemble de bons plats polonais et la cuisinière a également préparé des plats chinois pour les frères. Nous avons aussi pris quelques repas en dehors de la communauté, au restaurant asiatique, puisque cette nourriture manquait beaucoup aux frères. Le père Paul et les frères ont prié ensemble les Liturgies des Heures ainsi que la messe en français dans la chapelle de la Basilique de Corpus Christi. Cette Basilique est l’un des plus grands et des plus beaux sanctuaires de Cracovie, dont les confrères Chanoines s’occupent et où ils y vivent. Dans cette Basilique, se trouvent quelques reliques comme celles de Saint Stanislas de Szczepanow qui fut évêque de Cracovie, et surtout les reliques de Saint Stanislas Kazimierczyk, prêtre membre des Chanoines Réguliers du Latran. Le Père Paul a parfois présidé la messe en polonais dans la chapelle et concélébré chez des confrères. Il y avait quand même beaucoup de fidèles présents malgré la situation sanitaire, et comme tout le monde, nous avons porté des masques en suivant les restrictions de l’état, pour respecter la santé des uns et des autres. Nous avons quelquefois participé à la messe en polonais, surtout le dimanche. Les frères ont appris quelques mots en polonais et leur prononciation était presque parfaite : notre joie a créé une très belle ambiance.
Durant les sept jours de notre séjour, nous avons visité quelques lieux dont l’histoire est poignante : comme le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, construit au moment de l’invasion de la Pologne par les Allemands ; l’ensemble des camps de concentration d’Auschwitz était le plus grand camp de la mort du régime nazi. Il s’agit du principal centre d’extermination de l’histoire dans lequel plus d’un million de personnes ont été tuées. Dans le centre-ville, nous avons aussi visité plusieurs églises : Saints Pierre et Paul, de style baroque dans laquelle les ornements sont esthétiquement significatifs : ils racontent la beauté historique de cette église, grâce à l’architecture, la décoration de la façade avec les sculptures des douze Apôtres, l’orgue entouré par des anges dorés, et les couleurs célestes de l’intérieur, qui peuvent nous aider à contempler la beauté divine du Très-Haut ; le sanctuaire de la Miséricorde Divine – Basilique catholique romaine, dédiée à la dévotion à la Divine Miséricorde, où se trouve la tombe de Sainte Faustine Kowalska dans la chapelle du couvent ; la Basilique Sainte Marie – qui est la plus célèbre église de Cracovie avec une décoration flamboyante, des tours asymétriques et un automate – trompettiste qui sonne chaque heure. Le château royal, sur la colline de Wawel, symbolise l’âge d’or de la Pologne. La Cathédrale du Wawel est l’église principale de l’archidiocèse de Cracovie et c’est aussi un sanctuaire et un trésor national polonais. Malgré la fatigue, les frères rayonnaient de joie et ont été très impressionnés d’apprendre ces histoires si riches ; leur guide était le P. Paul puisque c’est son pays d’origine. Nous nous sommes aussi promenés dans le centre-ville où les frères ont acheté quelques souvenirs pour eux et pour leurs confrères de la communauté de Beauchêne. Nous avons découvert – et apprécié- la nourriture et les boissons typiquement polonaises. Les frères ont joyeusement admiré la beauté du jour et les jolies lumières de la nuit, l’admirable culture polonaise, les nourritures, la langue qui semble si difficile à apprendre mais si belle à écouter, et surtout l’histoire de la foi magnifique de la Pologne.

Leur voyage n’a pas été un simple voyage mais un événement éducatif qui leur a transmis des connaissances extrêmement riches, avec des expériences profondes. En effet, nous avons découvert que chaque chose a sa propre beauté, une beauté grave ou joyeuse mais aussi douloureuse. Nous avons même découvert la pathétique beauté du silence dont l’expression artistique est comme un grain de blé désirant fructifier dans une terre accueillante. Les cris et les grands bruits des hommes d’hier sont aujourd’hui tous réduits au silence, et nous avons appris que le silence est véritablement fait pour toute l’humanité. Comme l’a dit Saint Augustin, « Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une page ». Ce sont les mots métaphoriques d’un grand Saint. Se déplacer vers un autre pays n’est pas un simple voyage mais un voyage vers nous-mêmes, en nous-mêmes, dans notre propre expérience quotidienne. Il faut que l’on sache qu’un voyage intérieur nous mène plus loin qu’un voyage extérieur. Devant nous, se déroule un trajet puisque nous sommes toujours en mouvement, toujours sur la route. Puisque nous sommes tous des voyageurs, alors il faut apprendre à chaque voyage. Et puisque nous sommes toujours en parcours et que nos expériences quotidiennes nous montrent beaucoup de pages, alors il faut lire.

Le voyage a beaucoup aidé les frères à approfondir des vertus fondamentales comme la compassion, et à se renforcer en tant que Chanoines (hommes religieux) pour côtoyer les fidèles, développer leur maturité particulièrement leur maturité spirituelle, fortifier leur esprit fraternel en se respectant les uns les autres, comme l’a dit St. Augustin dans sa règle : « Tout d’abord, puisque vous vous êtes unis en communauté, habitez d’un parfait accord en la maison (Ps 68,7), n’ayez qu’un cœur et qu’une âme en Dieu » ( R. Ch. 1), et « Dans vos sorties, allez ensemble; à l’arrivée, restez ensemble… » (R. Ch. 3). En chaque circonstance de notre voyage, nous avons délicatement observé ces règles de St. Augustin, en vivant très sincèrement la constitution évangélique de la congrégation. Après une semaine de séjour chez les confrères, le père Paul et les frères sont bien rentrés à Beauchêne avec une joie rayonnante, un peu fatigués mais ils ont rapidement retrouvé leurs forces religieuses et des sourires éclatants.

Frère Wilfredo Ando, CRL

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